CECILE MIGUEL, L’ETERNELLE INSOUMISE

Oeuvre de Cécile Miguel : « Où es-tu? »

Une petite galerie d’art, au cœur d’un village pittoresque, Vaucelles, au bout de la province de Namur, non loin de la frontière franco-belge.
S’y est tenue, du 17 septembre au 22 octobre 2022, une intéressante exposition consacrée à l’artiste belge, Cécile Miguel, épouse du poète André Miguel, deux figures bien connues dans les années 60-70. Un peu effacées aujourd’hui.
Une exposition fin 2019, début 2020, au Musée Marthe Donas, à Ittre, accompagnée d’une publication d’Yves Namur, Une vie oubliée, suivie, deux ans plus tard, par celle de la Galerie des Collines, à Vaucelles, nous a permis de retrouver l’étonnante production de cette artiste attachante.
Née à Gilly en 1921, décédée en 2001, à Auvelais, elle aura fréquenté durant les années 50, quelques grands noms de la peinture et de la poésie françaises, Picasso, Dubuffet, Miro, Char, Prévert… Après avoir quitté le Midi de la France, terre bénie et riche en lumière, elle va retrouver la Belgique, peindre avec la même ardeur mais exposer moins de dessins et de tableaux, jusqu’à l’importante rétrospective de son travail, organisée par le Musée des Beaux-Arts de Mons, en 1984.
Reconnaître son inspiration et son style est un vrai plaisir : couleurs vives ou brûlantes, formes complexes, fantastiques, inquiétantes, personnages squelettiques ou fabuleux, regards angoissés ou moqueurs, collages stupéfiants, rêves spectraux, vertiges violents, l’univers de Cécile Miguel s’apparente souvent au tachisme ou à l’art brut et exprime une recherche obsédante de l’inconnu en même temps qu’une révolte contre l’ordre bourgeois et conformiste.
Il y a du désir et du cri, du voluptueux et du morbide, dans cette œuvre très personnelle, dont la quintessence se révèle dans ces grands yeux noirs exorbités qui vous fixent et vous interpellent avec une extrême intensité et qui interrogent le mystère de la vie autant que celui de la mort.
Où es-tu ? Le titre d’une de ses huiles, réalisée en 1968, ne donne aucune réponse mais pose la question existentielle de fond : comment vivre entre le réel et l’invisible ? Sur le fil fragile de l’imaginaire ? L’art serait-il l’ultime rempart ?
Une figure et un regard qu’on n’oubliera pas au cœur de ces œuvres à la fois fragiles et fascinantes.

Michel Ducobu