Claire Anne Magnès, La maison des horloges, poèmes, éd. M.E.O., 2014.

 

Page en hiver

Avec toi la première neige.

 

Tu t’en souviens? De la fenêtre haut perchée, je voyais voleter des plumes sous les lampes.

 

C’est l’hiver aujourd’hui. Campagne noire et blanche. La couleur réfugiée au ventre des oiseaux.

 

Au mien, tiédeur. De ta voix qui m’arrive à travers la distance.

 

Simplicité des mots. Je les voudrais dépouillés. Nus. Comme la branche du noyer simplement belle d’être ligne.

 

Si peu de jours. Et telle résonance. L’ampleur d’un chant  que j’écoute grandir: musique de la joie à la courbe des hanches.

 

 

Maison embarcadère

 

Maison embarcadère.

 

Nous l’ignorions alors, que naissaient sous les lampes, les beaux oiseaux de nos voyages. Qu’à l’âge des bilans, s’annonçait un temps de promesses.

 

Chance venue, chance tenue. À pleines mains. Sous l’œil complice des cadrans.

 

Livres. Atlas. Cartes postales en couleurs. Petits matins d’aéroport. Chemins cahotés des campagnes.

Le proche et le lointain. Rivière des parfums, ruisseaux du pays d’enfance.

 

Bonheur à vivre. À partager.

Les yeux fermés je le retrouve.

 

L’autre maison. De pierres et de feuilles. De lampes et d’oiseaux.

Elle fut nôtre aussi.

 

Dernier départ. Seul. Et puis de l’herbe sous le ciel. Le vol aigu des martinets.

 

Les yeux fermés je te retrouve. Et dérive avec toi dans l’espace du temps.