Jean Mineur, Mémoire du Passage, poèmes, Editinter.

L’Oiseau passe dans le vent/Brûlure de l’âme en l’appel de l’Esprit/Pour l’ascension des fleurs. Émeraude, péridot, chrysoprase:/quête de symbole pour la résurrection. (in PASSAGE) Le mot symbole est lâché, le ton est donné. Jean Mineur poursuit, au fil de ses recueils, sa quête spirituelle. Dès les premiers vers, on entre dans son jeu par la grande porte. Si l’on reste dehors, on peut refermer le livre. Bourgeons vert printanier bonheur de l’enfance/lys de pureté virginale pivoines de la Pentecôte/Chutes des feuilles d’or/Transcours de la vie courbure des parallèles/Vers le point Oméga/L’issue sera le seuil de cristal dans l’inconnu/Comment supporter l’angoisse? (in STANCE) . Nous courons tous vers ce point Oméga, qu’on a peine à définir, à entrevoir, qui représente l’inconnu, l’absolu, l’inaccessible à notre entendement, clairvoyant mais fini selon Pascal. On songe à Pierre Teilhard de Chardin et sa marche de la matière vers l’esprit. Mais l’angoisse aussi est là. Comment la surmonter? La réponse est peut-être dans l’émerveillement: Tu te fais joie de toutes les fleurs de l’été/Tu écris un poème à la gloire du soleil (in DIMANCHE). L’auteur lui met une majuscule à ce Soleil qui est une valeur sûre. Tout le monde peut croire en lui. Des profondeurs de la forêt les chants d’oiseaux/Enchantent le temple de l’ouïe/Dans le jardin de lumière/Où le murmure d’une source fait tinter/Ses cailloux dans la paix de l’âme (in LE SENS DE L’OUÏE). Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime, chantait Lamartine dans ses Méditations. Au travers des siennes, Jean Mineur nous invite à méditer. il y a la vie qu’on mène, il y a le temps qui passe, il y a la vie qui nous invite à réfléchir. Une sorte de panthéisme qui conduit vers le Dieu unique. Selon lui, L’âme gravit les degrés des nuages/Jusqu’aux portes du crépuscule: Au-delà elle découvrira/Un autre Soleil dont l’aurore lui donnera/L’infinie lumière de l’immortalité/Dans la révélation de l’Amour divin/Qui l’attendait depuis le commencement. (in LE VOYAGE DE L’ÂME). Qu’on partage ou non cette foi, on suit le poète dans sa quête spirituelle car nous avons tous en commun ce besoin de comprendre, d’expliquer, même si nous pensons qu’il n’y a pas de réponse.

Louis Delorme