Jean-Louis MASSOT, Sans envie de rien, Cactus Inébranlable Editions, 2015, 128p., 7€.

Le poète ardéchois devenu Bruxellois contredit forcément son titre – sans en réfuter l’usage –  en accumulant les motifs de réjouissance, de désir fou, mais en entrelardant ses propositions poétiques de déconvenues, d’irréalités, de fantasmes et de rêves. En dopant son texte d’anaphores au conditionnel passé, le poète s’est souvenu de Perec, sans le copier, une bonne huit centaines  de fois, sur le mode « j’aurais aimé être un motif d’excuse sur le tapis de la conversation ».

L’imaginaire, donc, assied ces vers, leur instille une bonne dose d’humour, d’insolence, de surréalisme, parrainant jeux de mots, aphorismes, incongruités, pensées sauvages et salvatrices.

On pourrait en citer des dizaines sans en ôter les pépites, tant le talent du poète, brillant langagier, brillant imagier, propulse les idées dans le cordeau contraint de ses vers :

« J’aurais aimé être un chien de fusil qui garde la raison »

« J’aurais aimé être un ami de passage qui devient plus que cela »

« J’aurais aimé être de la suite dans les idées… farfelues s’entend »

« J’aurais aimé être le peintre d’un tableau de bord »

Les illustrations complices de Gérard Sendrey jouent de la simplicité du trait, et de la caricature, comme les textes qu’elles accompagnent : entre poésie, humour dingue et réflexion langagière, futée  de haute futaie !

Philippe Leuckx