Pierre Bragard, L’absence de Monsieur Grulois, roman, La Roulotte Théâtrale-Audace, 154 pp, 15  €

br 001D’habitude, ce sont les ados qui disparaissent, et qui sont recherchés par les adultes. Ici, c’est l’inverse…et qui plus est, un prof qui déserte l’école au beau milieu de son cours. Et c’est son fils qui va se mettre à sa recherche. L’intrigue du livre aura donc quelque chose de policier. Mais ce n’est pas seulement un roman policier…

Au point de départ, « le fils » ne dispose pratiquement d’aucun indice. Monsieur Grulois est un excellent professeur, un mari modèle. Quelle mouche a donc bien pu le piquer? En s’aidant du témoignage des uns et des autres, de vieilles cartes postales qui dorment dans la boîte aux souvenirs, il va recréer tout un itinéraire non seulement de fugue, mais de vie. Il découvrira ainsi qu’il allait de temps à autre dans un café un peu vieillot, qu’il y rencontrait une dame de son âge avec qui il aimait philosopher, en tout bien tout honneur. Il y aura aussi les amis d’enfance et leurs souvenirs empreints de nostalgie, et il finira par découvrir, grâce à l’un d’eux, que son père avait été, jadis un grand voyageur. Romantisme des gares…Et la mère elle-même, qui semblait un modèle d’effacement et de grisaille, finira par montrer son vrai visage.

Un roman de destinée, pourrait-on dire, comme il y en a pas mal chez Simenon. Mais Simenon n’a guère de tendresse pour ses personnages. Ici, au contraire, sous toute la poussière que déposent sur notre vie les habitudes, le métier, le train-train quotidien, ce sont les rêves de jeunesse qui reparaissent avec toute leur fraîcheur. Sous les pavés la plage, cela vaut aussi pour les quinquagénaires.

Joseph Bodson