Léo  Beeckman:«Dos au public», Weyrich, 2018

Note : roman de jeunesse caché pour être retravaillé plus tard. L’heure était arrivée mais la mort a été la plus rapide.

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Nous sommes dans les années soixante avec ses groupes musicaux, les couples non mariés vivant en concubinage, les secrets de famille commençant à être traités par des psychologues, les dancings où la sexualité s’éclate, mais l’avortement est toujours interdit par la loi.

Arthur, né dans un quartier ouvrier de Gand est un garçon timide qui trouve dans la guitare l’instrument qui l’aide à vivre. A son entrée à l’armée, son don est remarqué et il est désigné pour faire partie d’un groupe de cinq musiciens avec comme mission de se produire le soir dans le bar des officiers. Arthur n’a pas le choix : il devra s’adapter à la contrebasse, ce qui ne pose pas de problème. Par contre, il est incapable de jouer face au public tant son angoisse le submerge. Il jouera donc dos au public et sera surnommé monsieur Nobody ! Le service militaire s’achève et les cinq amis promettent de se revoir.

Arthur reprend des études et va vivre à Bruxelles avec son amie d’enfance. Tous deux ont trouvé du travail et commencent à s’embourgeoiser. Tout irait pour le mieux si Arthur ne tombait pas dans une profonde dépression. Sa compagne l’emmène chez le psychologue qui lie le problème avec la position dos au public dans ses prestations musicales.

Sa compagne parvient à réunir les quatre musiciens, amis d’Arthur au service militaire. Le groupe a la chance et le talent de se produire dans un endroit branché de Bruxelles, toujours avec Arthur dos au public. Un soir où celui-ci avait été particulièrement chaleureux, ses amis font faire volte face à Arthur qui regarde les spectateurs avec effroi : une « vision » s’impose à lui et il saigne du nez sans raison. Il s’en va en rassurant tout le monde mais demandant à être seul. Rentré chez lui, il se couche et une scène passée lui revient : son père rentrant saoul et qui le frappe au visage, le faisant saigner du nez et ensuite lui demandant pardon avant de se confesser…Cette interdiction a été la cause du bouleversement d’une famille

Nous avons alors un flash-back mené de main de maître par le jeune Beeckman.

On aura reconnu les caratéristiques des Golden Sixtees. On peut dire que l’auteur a bien humé son époque et nous la restitue avec nombre de ses fragrances.

On peut regretter que les personnages, sauf le méchant, se ressemblent tous : ils sont d’une affabilité et d’une générosité sans pareilles. Si Léo Beekman avait pu remanier son récit, sans doute aurait-il attribué à certains personnages plus d’ambiguité, plus d’épaisseur. A cerains moments, on flirte avec le conte mais il s’agit d’un premier roman avec ses qualités et aussi ses défauts que l’on a coutume de pardonner.

LEO BEECKMAN (1948-2017)

Biographie : Né à Gand, il fréquente à vingt ans un groupe d’artistes d’avant-garde théâtrale et crée avec eux plusieurs spectacles de recherche sur l’exploration corporelle et la poésie. Une rencontre avec le directeur de l’asbl « Promotion des Lettres belges » va orienter sa vie. Il saisit la proposition qui lui est faite de reprendre le flambeau.Tout reste à faire, ce qu’il considère comme une chance. Il ne cesse alors de promouvoir les éditions et les écrivains de la Belgique francophone à travers le monde, actif dans les Foires et les Salons du livre. En trente ans, il multiplie les projets grâce à son grand tissu de relations. Dès 1991, il crée une base de données pour la version numérique du « Guide des Lettres belges ». Ce fonds compte plus de 17.000 ouvrages. En 1994, il crée une librairie à Paris à l’arriére du Centre Wallonie-Bruxelles. Il participe à la mise en place d’un Fonds d’Aide à la Diffusion qui deviendra le Fonds d’aide à la Librairie. Même pensionné, il restera actif et créera même une petite édition pour un livre d’artiste (Jacues De Decker pour le texte et Maja Polackova au collage) : « Suzanne à la pomme ».

Bibliographie :

2001 « Pour apprendre la paix à nos enfants », avec Werner Lambersy (ISBN MaelstrÖm)

2017 « Poèmes quantiques » ( trouvés après sa mort) : petit livre de 12 poèmes édités pour le Marché de la Poésie à Paris- collection 414.

2018 Date de parution d’une œuvre de jeunesse qu’il projetait de retravailler :« Dos au public» (édition Weyrich)

Dominique Dumont