Michel Ducobu, Un Belge au bout de la plage, éd. MEO (réédition, 2018, 171 pages)

La nouvelle est un des plus redoutables genres littéraires. Une petite maladresse et tout s’écroule.

Michel Ducobu a évité tous les dangers. Il a travaillé sur le fil, en brillant funambule. En plus, il a pris le temps de sélectionner finement une série de textes, publiés sur plusieurs décennies. Et le résultat est magnifique.

Parce que, en peu de pages, il fouille l’âme humaine (la sienne comprise). Avec son regard vif, curieux, intuitif. Il possède un extraordinaire sens de la psychologie. Mais il écrit aussi avec son corps et insuffle dans chaque texte de la sensorialité, de la sensualité, de l’érotisme.

Il écrit aussi avec sa culture, qu’il n’étale pas !, mais qui irrigue nombre de pages. Passion de la peinture, de la sculpture, de la poésie.

Il écrit en outre avec le petit môme qui rigole toujours au fond de lui-même. Sens aigu de l’enfance donc. Humour délicieux. Malice.

Il écrit avec sa passion pour la nature, qu’il connaît profondément.

Il écrit avec le feu de la vie, sa vie. Il écrit avec, parfois, l’image de la mort. Comme un oiseau sombre qui zèbre le ciel.

Et, en plus, il se coule parfaitement dans la langue française : maîtrise, souplesse, richesse. Ce qui, par les temps qui courent, est assez rare…

 

Envie d’épingler quelques nouvelles.

« Compartiment C, voiture 193 ». Un texte sorti tout droit d’une toile d’Edward Hopper !  Ou « Le sifflet » : balade dans la nature, rencontre d’un groupe de scouts, souvenirs délicieux, puis en quelques secondes un abominable concours de circonstances.

Ou la toute dernière, celle qui a donné le titre au recueil : « Un Belge au bout de la plage ». 28 pages totalement maîtrisées. Un très long voyage à pied, à travers la Belgique. Puis la fin, l’aboutissement… avec un immense vertige qui s’empare du lecteur pour longtemps.

                                                                                                 Evelyne Wilwerth