In memoriam André Goosse

André Goosse n’aurait pas aimé les panégyriques. Et pourtant il les méritait cent fois. À l’époque où j’ai fait sa connaissance, à Louvain en 1959, il n’était que l’assistant du professeur Omer Jodogne. Celui-ci, austère médiéviste, était la terreur des étudiants. Il m’orienta vers André Goosse pour la direction de mon mémoire que je souhaitais consacrer à un sujet de dialectologie. De suite je fus frappé par sa simplicité, son ouverture d’esprit, son sens du dialogue. Lors des séances de séminaire qu’il animait, il me prodiguait ses conseils avec compétence, assortie toutefois d’une dose de modestie.

Cette marque de son talent ne l’a jamais quitté, même lorsqu’il est devenu la référence belge en linguistique et grammaire française. Chargé de cours, puis professeur ordinaire, il s’affirma de jour en jour comme un spécialiste des problèmes de langage. À la mort de son beau-père Maurice Grevisse en 1980, il s’attacha à moderniser et compléter « Le Bon Usage », qualifié par André Gide de « meilleure grammaire française ».

Je le revis plus tard à l’Association des Écrivains belges. Il assistait ponctuellement aux Soirées des Lettres et je constatai qu’en dépit des titres et honneurs récoltés au cours de sa carrière, il affichait toujours la même bonhomie, la même transparence dans le regard, la même force souriante dans la défense de ses idées. Le dernier souvenir que je garde de lui date de 2016, quand, pour ses 90 ans, son épouse France Bastia rassembla un florilège d’hommages de ses nombreux admirateurs. La photo de couverture représentait un homme heureux, passionné par la vie, sa famille, ses amis et son travail.

Jacques Goyens