Alain Dantinne, 68, Rue des Ecoles, autobiographie, éd. Academia, 2019.

68, rue des Ecoles : l’adresse du collège où Achille, le protagoniste de ce roman, a enseigné durant sa carrière.  68, mai 68… et ses idées libertaires qui ont fortement marqué la jeunesse et la pédagogie de ce professeur du secondaire.

Lorsque l’école est finie, Alain Dantinne a mis à exécution son projet de rédiger un livre sur l’enseignement. Dans l’épilogue, il en explique la genèse : depuis plus de quinze ans, il avait accumulé des milliers de notes, amalgame d’anecdotes et de colères, de convictions et de déceptions, qui ponctuent ce qui fut un de ses parcours.  Cet itinéraire, depuis la formation initiale (littérature et philosophie), en passant par les principales affectations d’éducateur-enseignant, c’est en compagnie d’Achille que nous le suivons. Mais Achille, c’est un peu beaucoup Alain Dantinne, comme Emma Bovary, c’était tout à fait Flaubert … Le lecteur en est bien persuadé. Il découvre avec intérêt les péripéties du professeur livrées de manière impressionniste dans le joyeux désordre chronologique des multiples séquences qui composent le texte. Régulièrement, des réflexions plus générales se détachent du flux narratif. Elles touchent au sens de la vie et surtout à l’enseignement. Même si l’auteur, simple prof de base, se pose la question de sa légitimité pour traiter du monde de l’éducation, il s’engage et dit, parfois même avec autorité et toujours avec conviction, ce qu’il a cru en la matière. Quel est son message ? Priorité à la personne de l’élève, à la motivation, à la créativité, à la compétence et à la liberté d’action du professeur, en marge des dogmes et autres prescrits officiels.

L’auteur nous confie enfin qu’il écrit parce qu’un jour, il ne sera plus, qu’il s’agit de saisir le temps, ce peu de temps que fut sa vie professionnelle et lui donner sens.  Il proclame qu’il est temps de redonner à l’école la place qu’elle a perdue parce qu’à l’image de la société actuelle, l’école divise, classe, sélectionne et produit du désespoir chez les laissés pour compte.

Comment ne pas lui donner raison et relever ses manches pour œuvrer à une école meilleure ?

Martine Melebeck