Béatrice Bouret-Spreux, Des grains de sable, Jollain, Déjeuners sur l’herbe, 2019, 78 p. (14€)
En quête d’autres vies, d’autres ailleurs
Les individus que décrit Béatrice Bouret-Spreux se trouvent dans des situations précaires. Il va leur falloir de la chance, de l’énergie, du courage pour que cela change. Car changer de vie n’est pas aussi simple qu’il n’y parait.
Est-ce que, vivant avec un mensonge qui dissimule la peur d’oser affronter la réalité, Freddy parviendra à avouer à son épouse qu’il est dans une situation professionnelle désespérée ? Est-ce que Garance réussira à donner à son fils illégitime une autre vie tout en cachant la vengeance qu’elle a ourdie contre le religieux qui l’a privée de l’homme qu’elle aimait ?
Et Rémy obtiendra-t-il de récupérer l’héritage dont un des ses cousins entré en politique l’a frustré injustement ? Et Jeanne, la petite paysanne engagée en ville et engrossée par un intendant don juan, arrivera-t-elle à mener vers une autre vie son fils bâtard ? Et Martin, ce détenu, commencera-t-il sa reconversion auprès de la tante Clémence de ses souvenirs d’enfance ? Quel profit l’ado Janos tirera-t-il de la cassette qu’il a trouvée par hasard dans un parc ?
Comme le suggère le titre de ce recueil, il existe des grains de sable susceptibles d’enrayer un mécanisme qui semble fonctionner de lui-même sans encombre. Le monde observé par l’auteure n’est ni celui des bisounours, ni celui des tueurs en série. Il est celui de ceux qui savent que «les petits rêvent toujours d’être grands et les illusions n’ont pas de date limite ». Ceux qui espèrent une vie autre que la leur, aller autre part que dans une « ville où religion et privilèges faisaient bon ménage ». Ceux qui ont « besoin d’un endroit pour exister ».
Ce monde-là n’est pas optimiste. Sans doute l’auteure ne l’est-elle pas non plus car c’est notre monde depuis longtemps puisque ces nouvelles, situées en Wallonie picarde, s’étalent du XIIIe au XXIe siècle.
Michel Voiturier