Jean-Loup Nollomont Nuits de Satan noir éditions Cactus Inébranlable (81 pages, 2024, 10 euros)
Jean-Loup met la société la plus commune au ban de ses réflexions, à commencer par avec, y compris, le monde des lettres : « 106 Cet auteur, qui se payait de mots rares, pensait sans doute pouvoir ainsi monnayer son talent ». C’est que tout fait farine au moulin de ses aphorismes présentés avec un genre de compte à rebours numéroté en réflexions inventives ou humoristiques : « 50 Goliath n’aboyait pas quand on passait l’aspirateur. Ce chien stupide se contentait de mordre la poussière ».
L’expression idiomatique n’en n’est pas idiote pour autant quand il caresse les mots dans le sens du poil, jouant sur le son et l’oralité : « Pour obtenir ce qu’elle voulait en cuisine, Grand-mère Martha frottait toujours le manche dans le sens de la poêle », une sorte de vérité indiscutable étant alors énoncée entre une apparente réalité et quelque chose de suggéré. Il s’agit, en effet, d’une écriture faite de suggestions juxtaposées sans logique évidente et souvent inspirées, semble-t-il, de nuit.
L’auteur est sûr de son fait quand il dit, peut-être en clin d’œil : « 148 L’écrivain jeta sur le papier tout ce qui ne lui semblait pas digne de terminer dans la poubelle ».
Les gestes de la vie courante elle-même sont détournés avec un certain brio : « 21 Le frigidaire lui semblait l’endroit le plus approprié pour conserver son calme et garder son sang-froid ». Et pour conclure, c’est le poète des aphorismes qui le dit lui-même : « 107 Ambiance des grands soirs au café philo. Ça cogite si fort qu’on ne s’entend plus penser » quand il donne parfois du fil à retordre à nos neurones.
Quant à l’étrange titre, ne serait-il pas une allusion détournée de la célèbre chanson « Nights in White Satin », la célèbre chanson des « Moody Blues » ? Qui sait !
Quand ce diable de Jean-Loup sort de sa boîte tout peut lui faire office…d’enfer…
Patrick Devaux