Eric BROGNIET, L’or obscur des chemins, Edern, 2025, 108 p., 17 euros.

Privilégiant les monostiches – à raison de plusieurs par page, le poète tente d’énoncer tout ce qui fuit entre le brûlé des choses, la lumière et l’obscur.
La quête, à coups d’aphorismes, consigne ainsi les oppositions, les contradictions entre ce qui brûle et ce qui s’efface.
La flamme, le feu, l’or brillent et font trace dans cette traversée, tissée de mirages, de « diagonale » du fou, entre « obscur et désir ».
La langue, en peu de mots, transfigure le réel et ainsi peut-on lire « l’amour : lampe levée dans la nuit » ou « Ta langue n’est pas perdue, mais l’astre impossible de sa propre nuit« .
Nombre de textes s’essaient à redéfinir l’acte même du poème : « Le poète, en vous dévoilant ses déchirures, apaisera les vôtres« .
« Le poème : que sait-il de l’inouï ? Un éclair et puis rien« .
Bien sûr, sous les métaphores, c’est tout un travail de sape qui se noue, c’est une quête d’une beauté que l’on sait fragile, c’est un sentiment intense de perte là même où l’écrit se joue.
Sans doute le poète a-t-il besoin de prendre un peu de distance pour éveiller chez le lecteur l’ombre même d’un chemin, quoiqu’il faille doser « des vertiges« , se contraindre à « la blessure« , s’exposer sans retour.
Ce livre est comme un journal de bord de quelqu’un qui tient registre de son âme, dont il tient la « mèche« , dont il pressent « l’orage« , en quête d’un embrasement, devant « l’irréparable« .
Aussi faut-il le lire en reliant à soi les fragments de l’autre, si différent et si proche.

Philippe Leuckx