Philippe Colmant  A la marge du ciel éditions Le Coudrier ( 2024, 97 pages, 20 euros)

Philippe Colmant a le sens du contraste dans cette poésie où « la lumière se compte/ sur les doigts de la pluie ».
« Vers quelle gare ultime » nous conduit le poète face à l’infinitude ? Equation non résolue, le poète laisse la porte ouverte à l’essentiel, au cheminement menant « à la marge du ciel ».
Entre évocation personnelle et une sorte d’état des lieux, Philippe se souvient avec « les yeux pleins de mémoire » tout en se projetant à poser « le lambris/D’une vie inconnue ».
Yin et yang donc pour cette nouvelle approche poétique qui se veut au-delà des fatigues de la vie avec parfois une poésie proche de celle de Philippe Leuckx sinon que cette dernière est davantage en mouvement alors que celle de Philippe Colmant est plus statique à observer l’enfance : «On glisse à la godille/ sur le canal des jours/ En pensant quelquefois/ A ses rêves d’enfant  ».
Féru d’absolu et de rêves, le poète prend conscience du temps qui passe et assez tôt, comme raccourci dès la cessation de l’état d’enfance.
On devine une certaine acerbité quand le poète, rêves brisés, est enclin à « remettre sa clé/ à l’éternel concierge » tandis que la mort parfois « nous laisse/décousus jusqu’à l’os ».
Sommes- nous « un drame pour soi » et un « cadeau pour l’arbre » ? Peut-être puisque le poète a cette conscience de vouloir préserver.
La poésie de Philippe, elle, se veut un cadeau pour autrui à persévérer vers la lumière quand parfois l’ombre guette puisque : « la nuit en vient au jour/ Comme à une évidence ».
Entre « l’as de pique » et « dame de cœur », lui, a choisi : « Car tu es là, mon amoureuse/ Incarnation de l’Absolu », l’auteur savourant une victoire assumée avec cet amour partagé au-delà de toutes les autres préoccupations de vivre intensément.

Patrick Devaux