Article: « Esthétique et éthique de la brièveté dans « Il faut peu de mots » de Martine Rouhart»  (éditions du Cygne , 2022 )
-ABDELHAMID BOUGATF (Université de Sfax, LARIDIAME)

L’ère moderne nourrit un goût particulier pour tout ce qui est succinct et bref, comme les aphorismes, les fragments, les haïkus…Certes la brièveté ne date pas d’aujourd’hui. En effet, elle remonte à la brachylogie grecque, à la brevitas latine. Mais il nous semble que les écritures brèves gagnent un grand terrain dans le panorama poétique voire littéraire contemporain.
Le peu ne cesse pas d’attirer un grand nombre d’écrivains, de poètes, de philosophes et de critiques, on peut citer, entre autres, La Bruyère, La Rochefoucauld, Chamfort, Kafka, Reverdy, René Char Nietzsche…Dans ce modeste travail nous allons étudier, brièvement, l’esthétique et l’éthique du peu dans le recueil poétique Il faut peu de mots de Martine Rouhart.
Notre analyse porte sur les interrogations suivantes : La finesse de l’écriture poétique se mesure-t-elle à l’économie mis en œuvre ? S’agit-il d’un nouvel âge littéraire où la poétesse voire l’écrivain en général, au lieu de composer, de développer et de dilater, il rétrécit, raccourcit et réduit comme les poètes du haïku ? Ce qui s’énonce brièvement n’est-il pas le fruit d’une longue méditation et une manifestation de maturité poétique ? La brièveté n’est-elle pas une stratégie discursive sollicitant la part du lecteur ?
I- Le peu de mots : esthétique de la brièveté.
Le recueil de Martine Rouhart Il faut peu de mots comporte quarante sept pages. Les poèmes, non titrés, sont composés de quatre, de cinq, de six vers. Le plus long est composé de sept vers. Si le blanc domine la trace écrite, c’est parce que la poétesse, dès le début, met en relief la suprématie du peu « un mot/peut-être deux/pour se remettre au monde/au premier pas du jour » .
Si l’ambition nietzschéenne est de dire en dix mots ce que l’autre dit en un livre, celle de Martine Rouhart est de meubler son poème par le minimum de mots (un ou deux) qui sont petits mais solides comme des cailloux. A cet égard, Isabelle Bielecki voit que « Ces petits textes, comme autant de jolis cailloux, tout polis, lisses et brillants racontent la lumière et l’oiseau, l’aube et le monde, la mer et la source, la lune et le rêve, la mélancolie et le brouillard, les nuages et le vent et même l’infini et la poussière ». Martine se délecte de souligner la légèreté de ses poèmes (oiseau, poussière, nuage…). via ces mots cailloux, la poétesse peut dire un peu de son moi, dans un recueil où elle avoue sa prédilection pour le peu qui est une manière d’écrire autant qu’une matière.
Force est à souligner que son recueil n’est ni long, ni court, mais il est bref. Ainsi, il ne faut pas confondre le bref du court. D’après le Littré «bref a rapport à la durée, court à l’étendue ». Le court se mesure « le mot est court par rapport à la phrase. La phrase est courte par rapport au discours » alors que le bref est une notion relative (à chacun sa brièveté). Être bref, c’est prendre peu de temps pour s’expliquer, être court, c’est tenir peu d’espace sur le papier. L’injonction « soyez bref » se dit au parleur. Contrairement à court qui implique un point de regard extérieur au discours. Ainsi « soyez court » se dit à quelqu’un qui va écrire ou composer. Bref, opposer le court et le bref, c’est « opposer clairement une énonciation et une dimension » .

Elle s’efforce de dire le tout d’une seule traite. C’est pourquoi tous les poèmes ne sont pas ponctués. La brièveté est en ce sens synonyme de concision. Selon Littré, concis qualifie « un style qui dit ce qu’il veut dire en peu de mots ». La poétesse recourt fréquemment à l’anaphore « il faut peu de mots » parce qu’elle cherche le mot juste et exact. Le bref est indissociable de la quête incessante de l’exactitude et de la vérité « la brièveté consiste à exprimer une chose avec les seuls mots indispensables, et pas plus » .
La poétesse écrit un poème dont l’objet est son projet poétique dépourvu d’emphase qui semble être un gaspillage, une logorrhée verbale et une vaine grandiloquence. Ainsi elle évite le développement, le verbiage, la surabondance de la parole. Le dessein de la poétesse, consiste à raréfier les mots et amaigrir le vers, à chercher justement le petit mot adéquat à son intention de dire, à la chose dite. Faire mouche, c’est ne pas se laisser emporté par le discours, c’est renoncer à écrire abondamment, c’est aussi toucher juste au point sensible, atteindre le centre d’une cible qu’elle vise. Son projet consiste à dire ce qu’il faut dire : énoncer avec peu de mots, poétiser succinctement. Alors elle ne cesse pas d’atténuer le vers, le rapetisse et diminue.

Le poème juste et simple est un discours concis et resserré. L’indispensable, l’exact, mettent en scène ce qu’il faut pour qu’un discours soit vrai. Une parole brève est juste puisqu’il y a un rapport de convenance entre ce qui est dit et la manière dont c’est dit. Poétiquement il est une adéquation voire une coïncidence miraculeuse entre la chose à dire et la diction : la chose à dire est indissociable du dire car le dire y est la chose même ; ce qu’il faut exprime la relation de nécessité interne entre le dire et le dit.
Le bref (ce qu’il faut) est apparu comme une vertu du dire, un mode de véridiction contrairement à la macrologie qui est conçue comme une pathologie du langage, un vice d’élocution. Mais ce qu’il faut est lié au manque car pour le dire il faut l’imaginer « j’écris/toujours au bord/ de je ne-sais-quoi/d’un presque rien/qui deviendra poème » . Donc ce qu’il faut relève de la négativité du je-ne-sais-quoi. « Aller du long vers le bref, c’est aller vers la disparition de tout discours » . Le langage notamment poétique est paradoxal par excellence dans la mesure où tend vers sa propre annulation. Une énonciation brève « porte en elle-même la triple disparition du dire, du dicible et du diseur » . Est poète celui qui écrit avec une gomme. En ce sens le bref est lié à une mythologie du langage : le poète rêve d’une parole qui, pour être vraie devrait se passer des mots. Le seul accès à la vérité est possible sans l’intermédiaire du langage toujours défaillant par rapport à la plénitude ontologique du sens.
La poétesse est contrainte d’avoir recours à ce qui est bref, concis, condensé, bien raccourci plutôt qu’à ce qui est volumineux. Elle s’efforce de mettre la plus grande quantité possible de pensée dans le volume le plus réduit possible et de le communiquer avec la plus grande vitesse. Bref, la poésie a un rapport avec le sublime : ce qui est absolument grand est exprimé par petit mot, « il faut peu de mots/pour livrer/de grands fragments/de soi » Comme si tout ce qui est grand, tout ce qui a beaucoup de sens pour de rares esprits, s’exprime en termes brefs. La poétesse semble souscrire au mot de Joubert : « Tourmenté par la maudite ambition de mettre toujours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase, et cette phrase dans un mot. C’est moi » .
Le poème est toujours bref et n’est jamais long. Par ailleurs l’expression un long poème parait comme une pure contradiction, voire un oxymore. L’expression poème bref fait figure de pléonasme puisque le bref, dans l’optique d’une justesse de l’écriture qui consiste à sentir, saisir l’instant et dire juste, apparaît comme la qualité définitoire du poème. La poétesse à l’instar du Haïkiste, s’engage à fixer l’instant « il faut peu de mots qui chantent/pour saisir/un oiseau ou la lumière/en plein vol » et à ramener l’émotion ou la pensée souterraine à la surface, sans préméditation ni bavardage, sans redondance de style ou d’idées.

La brièveté du poème rouhartien va sans nous rappeler celle du Haïku dans la mesure où elle consiste à saisir l’immédiat en écrivant avec vitesse « Ecrire/comme on respire/trop vite/dans la courbe/d’un envol » à vaincre ce hiatus entre le langage et la réalité. Martine Rouhart n’écrit qu’à condition d’avoir quelques appuis qui se dérobent et qui sont précaires. Elle est toujours pressée. Elle écrit vite se servant de minimum de mots afin d’éviter le mot qui a tendance, à dilater.
Que le mot, finalement, soit la chose-même est le vœu de la poétesse et du Haïkiste. Aspirant à la justesse de l’écriture, le Haïku, cette « forme poétique la plus courte du monde » , cette « forme brève par excellence, forme ultra brève » comme disait Barthes et le récit bref sont de nature ontologique puisqu’ils sont engagés dans un rapport au monde de stricte immédiateté, revendiquant un acte minimal d’énonciation juste, une exacte notation comme un mode d’écriture notamment poétique.

La définition du poème telle qu’elle a été donnée par Valéry met en relief le rapport étroit entre la poésie et la brièveté « est poème ce qui ne se peut résumer » . Il est impossible de résumer un poème parce que le poème a été traditionnellement, du côté du formel du langage, avec des versifications complexes et qu’ « on ne résume pas un récitatif. Il faut le faire et l’écouter » . Ce qui est bref, la poésie ou la nouvelle, fuit au résumé car il obéit au principe de ce qu’il faut dire, c’est-à-dire de l’exactitude. Celui qui opte pour le bref est obligé de dire tout ce qu’il faut et ne dire que ce qu’il faut. Le bref, le short Story ne se résume pas « Le discours qui ne comprend rien qu’on puisse enlever sans nuire à son degré de perfection es intrinsèquement ou absolument bref » .
La brièveté n’est pas donc le monopole ni de la nouvelle, ni du short Story ni de l’écriture aphoristique, notulaire. La poésie explore également la forme brève voire ultra brève non seulement dans une finalité esthétique mais aussi éthique
II- L’éthique de la brièveté :
La brièveté rime avec éloquence, elle apparaît comme le signe de la maîtrise, par l’écrivain, des ressources expressives de la langue. La tentative sobre de dire en peu de mots, de trouver le type d’énonciation minimale permet à l’expression de s’affirmer avec la plus grande densité et la plus grande pertinence dans une économie maximale de moyens. Il s’avère donc que la brièveté est une attitude éthique.

Le discours intrinsèquement bref semble être une ascèse, un art de la profondeur dans le peu dire. Tout ce qui est essentiel, le mot, le moi, le poème tout ce qui renferme beaucoup de sens, s’exprime en termes brefs. « Qu’est-ce qu’une forme brève sinon un maximum de signification en un minimum de mots ? » . La tache apparemment paresseuse de Martine Rouhart est en réalité généreuse, génératrice et prometteuse. Dans son discours poétique, elle se sert de peu de mots qui sont énergiques et qui renferment un grand sens. Les poèmes dont le style succinct, concis et simple montrent que la poétesse est apte d’aller droit au but de dire ce qu’il faut, ce qui est dense : le moi, le poème via un nombre réduit de mots et un style dépouillé clair et exact.
Parce que le mot appelle un autre afin de chasser le sens, de tisser un réseau sémantique, l’écrivain en général est voué à l’épanchement discursif, croyant que les multiples les mots qui se solidarisent contribuent à créer un sens. A cet égard, dans son ouvrage Signe, Christophe Tarkos souligne que « un mot qui voudrait avoir un sens, il se met à plusieurs pour faire un groupe de mots sensés» . Cependant d’autres écrivains, poètes ont une prédilection pour la rareté des mots au point de faire une œuvre, un recueil sans mots.

Pour dire l’essentiel, il faut s’abstenir des mots car en réalité, selon Christophe Tarkos « Il n’y a pas de mots. Les mots ne veulent rien dire. Les mots n’ont pas de sens. Il n’y a pas de mots parce qu’il y a un sens, le sens a vidé les mots de toute signification, les a vidés complètement, il ne reste rien aux mots ce sont des sacs vides vidés qui ont été vidés, le sens a pris tous le sens, il n’a rien laissé pour les mots, coquilles vides, le sens se débat tout seul, il n’a nul besoin des mots, le sens veut tout […], il n’y a pas de mots, il y a le sens qui pousse, qui s’attache à la poussée » .

Le peu de mots peut dire, c’est pourquoi la poétesse bride le langage raréfie les mots, opte pour une poésie de goutte à goutte car via le déluge de mots se noie le sens, s’éclipse le moi « Dans la source vive/ des mots/on s’évanouit/souvent/à l’intérieur de soi » . La poétesse appréhende bien que le jaillissement vif des vers nuit à l’êtreté, que le flot de mots, qui l’envahissent, qui la poussent à écrire, la sépare d’elle-même. C’est par ou dans l’écriture brève que la poétesse se retrouve « Avant d’écrire/je vivais/à côté de moi/presqu’une étrangère » .

La poésie qui puise du peu ne signifie pas que la littérature tend vers son propre anéantissement. Il s’agit d’une littérature de l’épuisement où le blanc, le peu et le reste sont essentiels. Ce peu de mot qui échappe est la genèse de l’écriture « je voulais dire au monde un seul mot comme je n’y arrivais pas, je suis devenu écrivain » .
La poétesse à l’instar du Haïkiste, tente de dire d’une seule traite le monde. Le peu de mot semble être une esthétique, signe de la bonne maitrise des ressources de la langue et une attitude éthique signe de modestie et une ascèse. Une poéthique de la brièveté est 1iée à la modernité par sa volonté de dire à la hâte, d’opter pour le style haché épousant le SMS.

III- la réception du peu :
Si dans la tradition classique, l’œuvre tend vers le chef-d’œuvre via le souci de composition, l’écriture moderne tend vers le bref, le peu pour amener le lecteur à participer à l’œuvre « Autrefois, on estimait le meilleur poète celui qui avait composé la plus parfaite poésie, le plus beau poème. Aujourd’hui, on veut autre chose. Le plus grand poète, pour nous, est celui qui a donné le plus à imaginer et à rêver à son lecteur, qui l’a le plus excité à poétiser lui-même. Le plus grand poète n’est pas celui qui a le mieux fait : c’est celui qui suggère le plus, celui dont on ne sait pas bien d’abord tout ce qu’il a voulu dire et exprimer » .

Si Martine Rouhart amaigrit le vers, c’est pour engrosser le lecteur. Composer avec peu de mots ne signifie pas que son écriture est avare. C’est une écriture poétique généreuse, génératrice. La brièveté est souvent présentée comme un appel à l’activité du destinataire et, à l’imagination créatrice du lecteur. Le peu est ainsi moteur pour l’activité lectrice et herméneutique. La poétesse, ne donne pas de clef, ni d’explication : elle abandonne le lecteur dans le doute et dans l’interrogation. Le poème laisse ainsi le champ libre à toutes sortes d’interprétation. La poétesse préfère amener le lectorat à enfanter sa propre méditation. Le blanc du poème exige de la part du lecteur une grande réflexion ; il est invité à participer à l’écriture du poème, à être cocréateur.

Les blancs typographiques, loin d’être nuisibles, briseurs du poème, sont absences fondatrices, qui fissurent apparemment le texte, sapent sa cohérence, et suspendent le sens convenu, mais en réalité ils rehaussent le message poétique ; ils ne sont pas des vides. En effet, ils font corps avec le poème, ils scandent le discours poétique. Le poème prend son sens non dans ce qui est présent, transparent, et dans ce qui est dit mais dans ce qui est absent, et dans ce qui n’est pas dit. C’est dans les non-dits, dans le tu que se dépose le véritable sens du poème. Ce blanc est l’équivalent de ce qui n’est pas proféré qui y amène la suggestion et la signification via un lecteur lambda.

Il s’avère que le peu, la matière du poème, du recueil, est voulu avec préméditation, n’est pas tarissement, mais il est abondance. Avec le minimum de mot jusqu’à l’effacement, le poème pourrait garantir un maximum de signification. Le recueil, pour être signifiant, il faut qu’il soit composé de peu de mots, que le blanc domine la trace écrite, car ce sont ces blancs qui définissent la richesse du poème. Faisant entendre que quelque chose ne se dit pas, les poèmes tacites donnent à lire ce qui se refuse, à entendre ce qui est tu. Il convient de postuler que ce qui importe dans une œuvre, c’est ce qu’elle ne dit pas et qui pourrait être comblé par le lectorat.

Il va de soi que la production de sens ne pourrait se réaliser que par la coopération ; une place vide qui est promesse de plénitude doit être réservée, dans le discours, à l’instance réceptrice. C’est cette place vide, cette part du lecteur qui constitue l’essence de la littérature.

Il convient de souligner que le refrain « il faut peu de mot », en dépit de sa clarté et simplicité n’est pas dépourvu d’ambiguïté : s’il faut quelques miettes ou gouttes de mots pour composer un poème, c’est d’abord, pour un lecteur moderne, dire ce qui est indispensable et exact. Cette idée (il faut peu de mots) semble être « sous-tendue par l’idée du manque fictionnalisé ; lorsqu’on va imaginer, pour exprimer la nécessité d’un objet, d’un propos, que l’absence de celui-ci détruirait l’unité-globalité de l’ensemble dont il constitue une composante indispensable. Ce qui importe, dans cette situation, c’est non pas que cet objet manque, puisqu’il est présent, mais qu’absent il manquerait » .

Il découle de cette exigence (il faut peu de mots) une problématique : ce peu est à imaginer, c’est-à-dire une fiction ou une recette prête, c’est-à-dire une réalité. Dans le premier cas l’imagination est double. En effet, le lecteur est mené à imaginer ce que la poétesse a imaginé. Pour nous, le peu n’est pas une donnée réelle. Lié au manque, le peu stimule et la poétesse et le lecteur. Bref, la poésie, dans son sens essentiel, ne sait dire que le manque de mots, la difficulté à les trouver. Le mot de la poétesse tente de fixer ce qui fuit et résiste aux mots : c’est ce qui échappe aux mots que les mots doivent dire. Nous ajoutons aussi qu’on n’a pas assez de mots pour dire le peu
Conclusion :
En guise de conclusion nous pouvons dire qu’écrire brièvement n’est pas seulement un choix esthétique qui fait preuve de la maîtrise des ressources linguistiques : écrire succinctement, c’est l’art de trier, sélectionner pour dire ce qu’il faut ni moins ni plus, pour dire ainsi ce qui est juste et exact, mais aussi une attitude éthique. Brider le langage, dire avec peu de mots est le fruit d’une maturité et d’une longue méditation, comme affirmait Nietzsche « ce qui s’énonce brièvement peut être le fruit et la moisson de beaucoup de pensées longuement méditées » .
Ecrire à la hâte, d’une manière simple et non simpliste, en optant pour le peu, est une exigence car ce qui prime ce n’est pas l’expression, mais l’impression. Elle est le porte-parole de ses sensations. Il nous semble qu’elle privilégie la pensée au détriment du style, comme si ce qui compte, ce sont les idées. Le reste est littérature.
L’écriture poétique de Martine Rouhart est une atténuation de l’ego, une pudeur de l’écriture, un refus de style. Mais le refus du développement, du beau style, n’annoncent pas le désœuvrement ni le déclin de la poésie au contraire il est matriciel. . Les spots poétiques, semblent nier la poésie. Mais en réalité la brièveté est inhérente à la poésie et au langage en vue d’engrosser le lecteur.
Le peu est souvent présenté comme un rempart contre l’effraction du vulgaire et un appel à l’activité du destinataire et aux talents, à l’imagination créatrice du lecteur car tout simplement « à qui sait comprendre, peu de mots suffisent ».