Barbara Y.Flamand, Les miroirs ne sont plus magiques, nouvelles. Editions bernardiennes, 160 pp.

Barbara Flamand a un sens très aigu de ce que peuvent représenter les symboles, comme la couleur blanche, dans Une journée faste. Un sens de l’humour lui aussi très développé, pour évoquer l’évolution des primates. Et puis, p.26, la formule frappante, qui fait mouche à tous les coups: Les monstres ne disparaissent jamais, les imbéciles non plus. Mais écoutons-la, p.30, répondre à un chef de cabinet qui prône les qualités de l’homo technicus:

En matière de bienfaits, je vous en cite un immédiatement. Elle rend les guerres propres, si je m’en réfère aux apologistes des guerres humanitaires. Et c’est vrai que ceux qui dirigent les missiles intelligents, capables d’éventrer sans coup férir une ville et tous les vivants qui avaient le malheur de l’habiter, ceux-là restent très, très propres. Une dernière chose sur cette émission: il existait entre un et deux millions d’années, le plus puissant des tueurs de tous les temps, le fauve à dents de sabre, appelé par les paléontologues, le smilodon. Le plus puissant de tous les temps? Non-non-non! Le plus puissant existe aujourd’hui. Les dents de sabre ne tuaient qu’une victime à la fois, mais les smilodons d’aujourd’hui en tuent des centaines d’un coup. Ils sont d’autant plus redoutables qu’ils possèdent la parole pour tromper et la technologie pour la dévier dans une orientation criminelle.

Parfois, cet humour, elle le pousse jusqu’à l’absurde, ainsi à la page 34, avec cette proposition éminemment rationnelle qui devrait séduire tous les producteurs par les économies qu’elle entraînerait: réduire toutes les bouteilles en plastique à un seul modèle. Il est des cas où l’économie libre et l’économie dirigée aboutissent sans le vouloir – voire – à des solutions étonnamment semblables. Et puis, plus loin, le lait contaminé par le climat social dans lequel on fait vivre les agriculteurs.

J’en passe, et des meilleurs. Il y a aussi p.101, pour ceux qui aiment la nature, une belle description de la forêt la nuit. Et puis, l’apologue – l’apologie? – de l’attaque préventive, destinée à empêcher tous les conflits.

Bref, on ne s’ennuie pas, en compagnie de Barbara Flamand.

Joseph Bodson