Béatrice Libert, La nuit porte jarretelles, Cactus inébranlable éditions, 2020

Dirons-nous que Béatrice Libert a plus d’une corde à son arc, comme Diane chasseresse? Ou qu’elle a changé son fusil d’épaule? Ou encore, qu’après avoir porté conseil, la nuit, avec son oeil de chat en couverture, porte aux rêves les plus fous?

Ce qui est certain en tout cas, c’est que ce petit cactus nous réserve de bien agréables surprises. A commencer par une préface de Jean-Pierre Verheggen, orfèvre en la matière. Même s’il est difficile de maintenir constamment son esprit à l’affût – il faut surtout garder le gibier en point de mire, et éviter de lasser le lecteur, Béatrice Libert s’y trouve à son aise, elle qui a écrit pas mal de livres pour enfants, et l’on sait quel plaisir les enfants trouvent à jouer avec les mots, un plaisir innocent et pervers à la fois – tandis que les adultes s’en servent plutôt, quant à eux,  pour briller en société.

Mais écoutons la plutôt, entrons dans le jeu:(Problaimes)

Principe d’archimaître – Tout poème plongé dans un lecteur subit de la part de ce poème une poussée transcendante optimale égale au chant des mots déplacés dans son âme.

La réciproque est aussi vraie. Tout lecteur plongé dans un poème subit de la part de ce poème une poussée transcendante optimale égale au chant des mots déplacés dans son âme.

Et, sous le titre Vous r’prendrez bien un p’tit aphorisme – Mettez un poème/Dans votre moteur!

Désir noir –  la nuit fond sur la langue.

Un songe me mordille l’épaule, et il a ta bouche.

Matin sans agenda autre que celui de ton corps.

Aux rides du temps, nous prêtons nos visages.

Chaque jour tu t’éveilles, dans le doux nom de Wallonie.

Quelque part, quelqu’un tisse ton linceul.

Il y a, dans la fraîcheur de l’aube, un bonheur qui se suicide.

Et, plus loin, dans les dictons à moudre:

Chez les écrivains, on dit

« On ne fait pas d’ hommes de 

lettres sans caser des boeufs »

ou encore ceci:

Chez les barbiers, on dit:

« Un poète rase l’autre ».

Mais j’arrête là: le reste, vous le découvrirez vous-même. Comme vous voyez, il y en a pour tous les goûts, du tendre au piquant, du pétillant au sommeilleux. A vous de choisir…

Joseph Bodson