Christian Libens, Les seins des saintes, roman, Weyrich, coll. Noir corbeau, 2019

Il y va fort, Christian Libens…Non, rassurez-vous, ou attristez-vous, si ce sont de vrais seins (et comment!!), ce ne sont pas de vraies saintes. Vous avez bien lu, c’est bien un polar. Il y est bien question de sainte Agathe, à propos de qui Emile Henriot, qui appréciait le baroque, raconte qu’elle est figurée dans une église italienne, présentant ses seins sur un plateau, comme des pêches Melba. Rassurez-vous, madame: la prochaine fois, on lui demandera de s’attaquer aux zizis…ça fera pleurer dans les chaumières! Rassurez-vous aussi, critiques rigoristes: plutôt qu’un polar classique, ou un western, ce livre ressemble à un pastiche. Il y a même une poursuite époustouflante sur les hauteurs de Ste Walburge…

Pastiche, oui, et ce n’est pas évident, de pasticher un serial killer. Mais il y a aussi, introduits avec beaucoup d’humour et d’à propos,  en catimini, dans le texte du polar, des auteurs liégeois que Christian apprécie – et il a bien raison. Je vous les laisse découvrir. Beaucoup d’allusions aussi à un certain Georges, qui fit naguère beaucoup parler de lui, Outre-Meuse ou ailleurs. Et puis, il crée des personnages vraiment typiques, bouquinistes, policiers, juges même peuplent cette volière haut perchée avec un humour très bienvenu, arrosé comme il se doit de Sancerre, et les demoiselles de Montmirail itou, pourvoyeuses de Gigondas gouleyant au soleil…

Roman d’action et de réflexion ,de méditation même, car ces personnages hauts en couleur, il leur arrive de refaire le monde à leur guise.. Roman d’atmosphère, où le feutré, à l’improviste, débouche sur le sordide…On ne s’y ennuie jamais…

Joseph Bodson