Christian Libens, Une petite histoire du roman policier belge, Weyrich, 2019

Christian Libens, de par ses activités passées ainsi, me semble-t-il, que par sa tournure d’esprit était vraiment la personne indiquée pour établir, nous ne dirons pas un bilan – mais bien plutôt un aperçu, un survol, de la littérature policière en Belgique francophone.Il le fait avec tout l’humour nécessaire, dans un sujet qui le demande aussi. Un sujet vieux presque comme le monde lui-même::dans la mythologie grecque, déjà, Oedipe était un bon sujet de polar; Et les aventures d’Ulysse, un roman d’action et d’aventures. Le règlement de comptes avec les prétendants n’a rien à envier à ceux qui ont illustré la mafia.

Bien sût, Georges Simenon, dès avant la seconde guerre mondiale, était en train de creuser sa voie. Par sa production nombreuse et de qualité, il aurait pu, à lui seul, illustrer la littérature policière d’un pays. Mais il se produisit un fait d’importance: la rupture avec la France, voulue par l’occupant, au cours de cette guerre. La Belgique fut dès lors réduite à ses propres moyens; et l’on put se rendre compte que ces moyens n’étaient pas si minces Les maisons d’édition poussèrent et florirent comme champignons  après une pluie d’automne.Le Jury, avec Stanislas-André Steeman, et la collection jaune de chez Dupuis, qui tint la route assez longtemps. A la Libération, les contacts avec la France se rétablirent. Par ailleurs, un certain nombre d’auteurs belges qui craignaient les procès de collaboration se réfugièrent en France, et se taillèrent d’ailleurs une place honorable dans le domaine du polar. Par ailleurs, au roman d’investigation – comme dans la célèbre collection Le Masque cédèrent peu à peu la place aux thrillers de la série noire et autres. Mais bien sûr, ce qui tint le devant de la scène, ce furent les productions de Simenon, reconnu par ailleurs comme un auteur de toute grande classe.

Aujourd’hui, l’histoire suit son cours: Berenboom, Baronian,- par ailleurs spécialiste reconnu de Simenon-, Monfils,  Fonteneau, et bien d’autres, comme les auteurs de la nouvelle collection Noir Corbeau de chez Weyrich…mais là, je cède le relais à Christian Libens. Un petit manuel bien utile pour qui veut s’y retrouver.

Joseph Bodson