Christian Neerdal, Réquisitoire, poèmes, L’Amant vert éditions, 2019

Un recueil presque tout entier consacré à l’amour, à ses regrets, à des peines, à ses joies, mais aussi aiux plaintes, avec çà et là une touche un peu macabre  due au temps qui passe sans la moindre relâche et vien ainsi gâter nos moindres plaisirs. Venant de temps à autre adoucir le tout, l’humour lui aussi est présent, et l’auteur n’en manque pas. Le tout dans une langue et une métrique très classiques, ce qui ne gâte rien.

Mais le mieux est sans doute que je vous en donne l’un ou l’autre échantillon. Ainsi, après l’introduction consacrée à Minos et Pasiphaé, cette strophe qui marque la prééminence de l’amour, p.14:

Je t’offre ce Microcosme originel/ et ta beauté s’y reflète /et il ne prend sa valeur /que par toi, /cause de mon existence / comme, pour toi, / par moi seulement

et, à la page suivante: Toi, deux yeux, rien que ces yeux/ mais tes yeux / tes lèvres, et de tendres roses / perlées de rosée, en gerbe sur le drap blanc.

La nature est là, bien sûr,mais dans ses aspects les plus classiques, et sans recherche excessive. Il use assez souvent ,de la répétition, ce qui donne davantage de brio à ses vers ((A toi, p.87):

Pour tes espérances et attentes de si longtemps / qu’apparemment je n’ai pas pu combler, // pour tes élans à contretemps / où tu te faisais parfois rabrouer //pour nos brusques querelles et silences crispés   qui n’avaient pas coutume de s’éterniser..Il y a là tout un art d’aimer, de se quereller, et surtout de se réconcilier, dont il fait bénéficier le lecteur.

Et, pour le macabre, à la page 51, A TOI III: Toi dont les lèvres/ déjà / s’effritent, // toi dont la peau / déjà / s’abat à grands pans de murs / dans un bruit de briques blessées , // toi dont les membres / déjà / sont recouverts/ de mousses jaunes / et de lichens desséchés, // toi dont le coeur / déjà / se lézarde, // pense à moi / qui pense à toi.

La fin du poème apporte une note plus optimiste. Et enfin, un peu de couleur printanière pour couronner le tout, p.34:

Tant que ma main serrera, / sans jamais la lâcher, je l’espère, / celle d’un nouvel amour / cueilli à l’aurore; sous la rosée, / dans un pré de l’Avesnois.

Joseph Bodson