Cyrilla Delaunoit, Cris, poèmes, Éditions-Production

Des poèmes aux rimes et à la scansion impeccables, un peu décalés, par les sentiments et la philosophie de la vie qu’ils expriment, par rapport à ce qui s’écrit de nos jours, mais chaque époque n’a-t-elle pas son tempo, ses mots-clés, ses leitmotiv ? C’est un peu, parfois, comme un bouquet de violettes que l’on retrouve entre deux piles de draps et qui a gardé, malgré tout, sa fragrance. Ainsi, p. 83 :

Des aubes aux vesprées / ces rêves sans fin / seront douceur et martyre / tant ils me noieront / dans l’odeur exhalée / des faneuses de foin / dans les pastels fleuris / de ma jeunesse.

Cependant, je dois avouer que je préfère les proses de la seconde partie, au vocabulaire plus simple, d’un naturel ravissant, parfois, et qui témoignent d’une belle fraîcheur. Ainsi, dans Une grand-mère, p.128 :

Il ne m’a pas été donné de choisir ma vie mais j’ai hérité d’elle le goût et la finesse du terroir. Je sais pétrir le pain, manier la pelle et le fuseau ! Et tout ce qui ne respire pas le beau dans sa sobriété, le don de soi que l’on tait pudiquement, le soleil que l’on dispense dans la monotonie des jours n’est qu’une terre aride dans un village abandonné !

On n’a pas réussi, paraît-il, à se mettre d’accord pour fixer une date pour la fête des grands-parents. Et c’est sans doute mieux ainsi. Les véritables fêtes, ce sont les souvenirs. Ces papillons bleus qui volettent çà et là, dans le verger, le potager. De grâce, laissons-les s’organiser sans nous !

Joseph Bodson