Daniel De Bruycker et Maximilien Dauber, EXODE, Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 2017, collection Dessert à l’italienne, 80p., 16€.
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Poèmes et photographies composent ce beau livre, entièrement consacré à l’errance et au désert. Les quarante-huit neuvains et les seize photographies tentent de donner de ce thème des migrations difficiles, des nomades une vision qui ne soit pas clichée mais au plus près des réalités d’aujourd’hui.
Quelques photos expressément saturées (dans les bleus, les orange), d’autres plus sobres (celles des pages 24 et 36 carrément sublimes sur ces chameliers et fonds de montagnes) déroulent la thématique dense que le poète De Bruycker insuffle à ces vers :
« On s’habitue à tout –
même à courir
les pieds plantés en un mirage » (p.65)

ou
« Des paroles bruissaient
dont nous ne savions pas la langue
seul l’accent nous était familier » (p.63)

La fatigue « escorte » ou « un fil d’espoir » : c’est le là-bas montré, suscité, espéré, et la chute est peut-être au bout du chemin tant tout est « ardu » et les « frontières » inatteignables!
La force du poème, rythmé par les photographies qui arrêtent des images, des moments, tient à la tranquille écriture classique qui les anime, entre imparfait, conditionnel de l’improbable et présent épuisant.
Le carnet de voyage a des échos lancinants : il illustre une réalité qui déborde, images, réalités touchées des doigts par deux artistes nomades en esprit, en chair.

Philippe Leuckx .