Daniel SIMON, Au prochain arrêt  je descends, éditions Les Carnets du Dessert de Lune, 2019, 96p., 14€.

 

Le poète sent-il venir le temps par lequel « nous apprenons déjà/ à disparaître » (p.37) ? Ecrire pour lui doit préserver : hâter le mot,  le poème pour ne pas abandonner « cet homme effondré » (p.59) ni avaler « Cet âcre goût de fêtes/ dans la bouche des hommes/ cet âcre goût de sang » (p.63).

Toujours est-il que Daniel Simon, dans ces longs poèmes aux vers rythmés d’enjambements et de rejets, saisit bien le monde étrange, cruel, étrange et violent, que nous partageons sans avoir sur lui le moindre poids, si ce n’est les mots posés.

En quête d’amis disparus, sensible aux « gifles des ressacs », le poète nettoie sa mémoire des fausses écritures, « crimes lâchetés rimées », haussant la « voix/ des hommes sous contrainte » (p.72), se gardant « des vestiges d’Europe/ poète du saccage ».

Que dire quand le poème s’impose et qu’on a « des hommes/ à la langue coupée » (p.78) ?

Le poème est-il encore ressource, rempart ?

Alors, le poète se lève chaque matin, balayant devant sa porte « mépris des moissons », « sonnailles tristes » et il va, quasi impersonnel dans ce  « on » dont « le cœur encore

saisi de ces vives échappées » est tout près de mourir, à l’aune du temps, dans « une agonie fragile ».

« Quand vous irez sur des sentiers secrets » enjoint pourtant le lecteur à prendre route au milieu de toutes les déroutes.

Philippe Leuckx