Lorenzo Cecchi D’ivoire et de jais collection  poétiques Asmodée Edern Editions (107 pages, 18 euros, 2025)

Il y a sans doute bien des « dimensions cachées » dans les poèmes voyageurs de Lorenzo tandis qu’entre ses cases proposées tantôt noires ou blanches « Nul ne survit sous l’impitoyable pierre/ Pas même les ténèbres ».
L’auteur sourit à la vie avec ce qu’il « prend pour amour » : « la vie/ La mort aussi peut-être/ Je ne me suis pas trompé/ Je crois ». Son acceptation est , en effet, totale alors qu’il se livre à la destinée sans angoisse excessive. C’est qu’il veut tenter l’aventure heureuse avec un brio certain.
Entre les mots il n’oublie pas la pluie bien belge de Chastre : « Demain pluie. Après-demain et jours/ Suivants, pluie/ Sans elle nul ne chante plus/ Sinon le poète, invétéré diseur, trempé/ Jusqu’aux os ».
Le poète peut également faire surgir l’un ou l’autre constat philosophique au mépris des apparences et de la possession matérielle : « Rien n’est préservé de mon temps de bonheur/ Ma collection de montres méprise mon regard/ Ainsi mes chers tableaux et leurs belles couleurs/Mes vases chinois et mes livres rares/ Je suis né riche mais à quoi bon/Comme pour le miséreux, les jours s’envolent/ Impitoyables, laids, nauséabonds/Faisant de nos victoires de minables gloires ».
Dire des choses sérieuses de façon anodine, voilà la clé de voûte de cette structure poétique engloutissant les faits, les actes avec parfois un humour sarcastique, sans duperie comme dans le texte « Les ailes d’Icare » : « Oui, mon ange/ Nos ailes ont fondu/ On peut se la raconter/ Se la jouer bravache/ Qu’on est jeune dans la tête/…/S’il te plaît/ Oublions que nous fûmes/ Tenons- nous par la main », l’auteur étant sensible à l’amitié, à l’amour ».

Patrick Devaux