Dominique Sintobin, Au « Cent ans », Merlin, Déjeuners sur l’herbe, 2022, 58p. (10€)

ARPENTER LA VIE, ARPENTER SA VIE

De son séjour au Québec, au «Cent Ans », Dominique Sintobin a ramené vers et dessins. Ils expriment une « recherche de soi / dans l’inscription d’un récit », un « désir d’être simplement /au rendez-vous de la vie », un besoin de « s’ouvrir à la rencontre ».

Les éléments qui nourrissent ses mots sont la terre, l’eau, l’air, le feu, le végétal, le vivant. Dans leurs champs lexical et sémantique, elle puise à foison en vue de nous transmettre sa perception de l’univers qui l’entoure, l’espace dans lequel elle se meut, les sensations qu’elle a ressenties.
La plupart des sens, en effet, sont ici sollicités qui permettent des approches différentes selon qu’il s’agisse du tactile, du visuel, du sonore, des odeurs. Le vocabulaire les porte tout comme le crayon ou l’encre les traduisent sous les mouvements de la main

Nulle question de confinement, ici. On avance, on parcourt. Aux alentours, ça existe, ça vit, ça témoigne. Ça demeure ou ça se meut, c’est selon leur essence. L’écrivaine se sent « à la source de la vie ». L’autrefois et le maintenant s’accordent au cours d’un cheminement durant lequel la curiosité est constante. Mais aussi les vestiges du vécu, ses blessures et ses cautérisations éventuelles resurgissent dans la mémoire.

Alternances de doutes et de certitudes, ce recueil s’avère finalement un « temps suspendu/à l’horizon d’un projet ». Une prise de conscience qui « implore l’homme / de cesser la folie /de trop de maîtrise ». On imagine volontiers Dominique Sintobin, comme Françoise Deltenre, « écrire en marchant » avant ces pauses où surgissent des dessins aux motifs répétitifs, résultats de gestes scandés, mouvements formels, présences rythmées qui sans refuser totalement le figuratif sont d’abord évocatoires.

Michel Voiturier