Edgar Kosma, Pierre Lecrenier, Le Belge du Futur, Editions Delcourt, 2018.

Le Belge du futur ne sera plus belge puisque la Belgique n’existera plus… Il sera wallon, flamand ou européen. Ce dernier habitera Euro City et sa vie sera protégée par d’épaisses murailles érigées entre deux républiques qui se haïssent. La plus riche n’est pas celle à laquelle on pense… Beaucoup d’eau aura coulé et débordé entre 2018 et 2048 et notre héros, Gérard Lambert, aura bien du mal à se débrouiller dans ce futur où il n’a pas demandé de se retrouver… Ce voyage imaginaire, raconté avec humour et sagacité, et dessiné avec finesse et une fausse candeur, nous permet de nous plonger à notre tour dans une société et un système qui pourraient bien nous être imposés, un jour. Le jour le plus gris de notre histoire ! Jugez-en : une surveillance de tous les instants par le scan de notre ADN, une carrière professionnelle jusqu’à l’âge de 74 ans, un paysage de très haut béton et de quadruple vitrage à en perdre tous ses repères de jadis, un voisin qui pourrait bien s’être radicalisé et transformé en un redoutable terroriste belgicain…L’auteur qui n’en est pas à son coup d’essai (Le Belge, Tout est bon dans le Belge, Le Belge parle aux Français) nous régale, une fois encore, par ses phylactères incisifs, tandis que son compère nous rappelle les meilleurs des « comics » du bon vieux temps des libertés, des livres ouverts, des albums satiriques et des journaux sans censure. Un roman graphique qui arrive au bon moment, à l’heure où la Belgique se cherche une nouvelle fois un avenir meilleur, des politiciens plus sérieux ou plus plaisants, un hymne national dont chacun connaîtrait les paroles et une devise revisitée (L’union refait la force) ou (L’union fait la force de frappe) que seules les équipes bilingues de football et de hockey sont encore capables d’appliquer aujourd’hui…

Michel Ducobu