Éric Lammers, Une vie de …, Weyrich, coll. Plumes du coq, Neufchâteau, 2015

Une vie de… fait référence à la dernière nouvelle de ce petit recueil, la seule qui a été écrite par Éric Lammers après sa sortie de prison. Avec beaucoup d’humour, il donne la parole à son chien.

Les autres nouvelles, écrites en prison, brossent une fresque inattendue de la vie carcérale. Ce qui frappe surtout, c’est l’esprit d’entraide qui règne entre les détenus : ils se prêtent des objets ou se réunissent dans l’une ou l’autre cellule pour se remonter le moral. Cette vision quelque peu idyllique est peut-être propre à la prison de V. où se situe l’action des nouvelles. Même les matons y sont sympathiques. Pour peu, on se croirait dans une colonie de vacances.

Un autre aspect surprenant est la reconversion d’Éric Lammers, bandit notoire des années 80, en écrivain. Dans chacune des nouvelles, l’auteur campe un personnage principal et imagine un scenario enraciné dans la banalité du quotidien. C’est l’histoire d’un briquet prêté qui fait le tour des cellules avant de revenir à son propriétaire. Ou bien celle d’un couple de canaris qui scient les barreaux de leur cage.

Les personnages sont pleins de vérité, d’humanité même : Stéphane, Bernard, Farouk, Victor sont des éclopés de la vie. Ils tuent le temps en attendant leur libération et s’efforcent vaille que vaille d’assumer les conséquences de leurs égarements. Celui qui a le mieux réussi, c’est évidemment l’auteur. Il a aiguisé sa plume à rédiger des milliers de feuillets avant d’envoyer ces nouvelles aux éditeurs. Cet expert en braquage et armes automatiques nous gratifie maintenant d’histoires vivantes, parsemées de rebondissements et de portraits saisissants, tel celui de Victor (page 68). Préface de Caroline Lamarche.

Jacques Goyens