Franca Doura, Deux ans ou deux cents ans, au fond, quelle différence?, roman, Société des écrivains, 2014,138pp, 13, 95 €

C’est un sujet assez brûlant qu’aborde l’auteure en ce livre: l’amour, une liaison entre un adolescent et une femme plus âgée que lui d’une vingtaine d’années. Il est vrai qu’elle a perdu son mari dans un accident, et que lui se montre disposé à braver tous les interdits. Une blessure essentielle qui conditionne assez fort le garçon, et refera surface à la fin du livre: son père a abandonné sa famille il y a beau temps déjà, et se soucie de lui comme d’une guigne. Même son mémoire de fin d’études, qu’il lui dédie, n’amènera aucune réaction de sa part. Mais il reste la mère et la sœur…Et, de son côté à elle, ses deux enfants. Comment tout cela va-t-il se vivre, se dénouer? Franca Doura, on le voit, n’esquive pas les problèmes, ses deux amants ne sont pas enfermés dans un cocon, loin du monde.

Le roman vaut surtout par sa fraîcheur: c’est l’histoire d’un amour tel que deux ados pourraient en vivre un lors d’une première rencontre. Légèreté de touche, beau portrait d’un ado fantaisiste et quasi insaisissable, capable de vous ménager toutes les surprises, des pires aux meilleures. Quant à elle, malgré ce printemps inespéré, elle sait déjà, au fond d’elle-même, que la souffrance, et la pire des souffrances, est cachée au fond du puits, et qu’il faudra un jour…Comme le Petit Poucet, il sème ses cailloux, souffre lui-même d’une autre histoire d’amour. Rien n’est jamais acquis à l’homme…, bien sûr, mais tout espoir, toute rémission sont toujours bons à prendre.

Joseph Bodson