France Bastia, Du jour à la journée…Carpe diem. Journal 2013-2015, Les Claines, 208 pp, 15 €.

Sous ce titre épicurien (mais son patron, Michel de Montaigne, n’était-il pas de la secte?), France Bastia, au jour la journée, déroule donc pour nous l’écheveau des jours. Et le conseil d’Horace n’est certes pas mauvais: tout notre malheur ne vient-il pas, bien souvent, de vivre un pied dans le passé, un pied dans l’avenir?

Ses lecteurs retrouveront avec plaisir les rubriques habituelles: à côté de l’actualité, trop souvent affligeante, avec ses guerres, ses cataclysmes naturels, voici les saisons qui offrent leurs chatoyantes couleurs, leurs atmosphères variables, voici, comme disait Verlaine, Des fleurs, des fruits, des feuilles et des branches. Traversée du jardin à petites pas dans les allées, émerveillée par la beauté du lieu, du jour, de l’heure. (p.98). Emerveillement aussi devant les textes amis, un poème de Jean-Loup Seban, un recueil de Claire-Anne Magnès.

Autres points d’ancrage: André Goosse et sa philosophie malicieuse, son sourire en coin, les causeries en fin de soirée. La Revue générale, bien sûr, et l’affaire Simon Leys. Les amis sans nombre. Et puis aussi, les voisins, les gens d’Hamme-Mille, qui réservent bien d’amicales surprises…

Ainsi, comme le petit Poucet, sur un chemin parsemé de petits cailloux, de journée en journée, que de précieux souvenirs s’égrènent, au gré du temps, au gré du vent…Bien sûr, le bonheur est quotidien, quand le temps, pour un moment s’arrête. Et la couverture de Julie River est bien jolie.

Joseph Bodson