Francesco Pittau, La quincaille des jours, poèmes, Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, 2018

 

Un petit livre carré, simple, sobre, élégant : La quincaille des jours, le recueil de poèmes couronné en 2019 du Prix Gauchez-Philippot.

Des poèmes courts, évidents. Le quotidien (des petites histoires, des observations, une pensée, des instants fugitifs) transcendé poétiquement par des mots simples et justes, des poèmes qui se donnent tout entiers dans un souffle.

Comme je l’ai entendu un jour de la bouche de M Onfray : « Le poème n’est pas une prouesse cérébrale, mais la trace d’une expérience vécue qui nécessite une présence acérée au monde ».

Les mots sont familiers, mais c’est l’usage qui en est fait qui n’est pas ordinaire. Et, on le sait, il ne faut pas confondre simplicité et superficialité ; nous en avons ici la preuve, la simplicité n’exclut ni la profondeur, ni bien entendu la poésie.

Il y a des tonnes de tendresse dans ces poèmes, un peu de nostalgie et beaucoup de souvenirs d’enfance.

La goutte de liqueur/au fond du petit/verre à pied/on peut l’attraper/de la pointe de la/langue/quand les adultes/ont le dos/tourné/et qu’ils ignorent/la galaxie de l’enfance.

On croirait voir, nous faisant un sourire au détour d’un texte, les personnages si attachants esquissés par l’auteur, connu également pour ses livres pour la jeunesse.

Le vélo est rouge/le revêtement/de la route est gris/et quand tu perds/l’équilibre/tu vois le soleil/faire un bond/en même temps que toi.

D’une page à l’autre on rencontre l’amour, l’enfance, le rire, les souvenirs, l’essentiel de la vie, c’est-à dire toutes ces petites choses et attentions qui en font le prix.

Le rideau a livré/son trésor/de poussière/quand je l’ai tiré/sur un jour bleu.

Sans oublier ces pointes d’humour, qu’on attend un peu, et qui font sourire…

Le confessionnal/sentait la cire/et dieu/était assis/de l’autre côté/de la grille/parlant d’une voix/pleine de salive.

 

Martine Rouhart