François Harray, Le Nouveau Messie, roman, éditions Traverse, 124 pages, 13 euros

François Harray est auteur de romans et nouvelles, photographe et historien de l’art, et il s’intéresse aussi au roman-photo. Il fallait sans doute être tout cela pour nous produire un roman tel que le Nouveau Messie.
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’agit-là d’un livre qui désarçonne.
L’histoire se déroule entre Madrid, Séville et Bruxelles et suit une partie de l’itinéraire de Gabriel, de sa naissance qui a tué sa mère, jusqu’à ses 33 ans.
Gabriel a un très gros problème, il ne sait pas dire non, sans doute à cause d’un besoin d’amour sans borne dicté par la haine que lui voue Esteban, son père, qui le rend évidemment responsable de la mort de sa femme. Gabriel accepte donc tout, et fait toutes sortes d’expériences et de rencontres qui l’amènent à des actions et des attitudes complètement antimorales. Et dans un combat permanent contre lui-même, il passe son temps à se taillader les plantes de pied avec un cutter… C’est une prophétie qui le catapulte « Nouveau Messie » .

Voici le problème qui me casse la tête :je ne peux dire non alors qu’il y a tant de merdeux qui ne s’en privent pas . Je ne savais pas que c’était possible. Personne ne m’avait expliqué cela. Je pensais que lorsque quelqu’un te demande de faire quelque chose, tu dois le faire. Tout faire. Même ce que tu détestes.

Au-delà de la violence, du langage cru, souvent vulgaire de Gabriel, apparaît en filigrane un autre aspect du livre : celui qui pose des interrogations sur notre civilisation.

Martine Rouhart