Françoise Pirart, Tout est sous contrôle ! Nouvelles Éditions M.E.O, 2022 (159 pages, 16 Euros)

« Tout est sous contrôle ! » nous dit le titre, suivi d’un point d’exclamation pour appuyer le propos, comme s’il ne fallait point en douter. On y rencontre des personnages bien cadrés, la cravate s’ajuste dans un costume noir sans fantaisie, comme le suggère la couverture. Et pourtant à lire ce recueil de nouvelles, nous sommes témoin de certitudes qui vacillent, de pertes de mémoire, d’une photocopieuse dérangée, de rendez-vous manqués, d’égarements et autres dérapages dans de tranquilles quotidiens… Le livre nous emmène dans les limites de l’esprit cartésien, quand la vieillesse fait son œuvre, quand un système bien huilé déraille. L’homme est tout simplement humain.

A priori, les vingt nouvelles ne forment pas un ensemble. Mais de fil en aiguille, des liens se tissent entre elles ; un détail ou un personnage permet de passer d’une histoire à l’autre. C’est par exemple un couple qui emménage dans la maison voisine du personnage d’une autre histoire. Ou encore un chat qui apparaît à certains moments quand il n’est pas le héros… On se prend à chercher le détail qui fait mouche.

Les sujets sont abordés avec beaucoup de tendresse quand il s’agit de plonger dans l’atmosphère d’une maison de repos ou avec une certaine moquerie quand Françoise Pirart dépeint la fin de vie d’un vieux président. Sa carrière politique se résumerait à « une vie d’apparence et de tromperies ».

Certaines nouvelles sont écrites avec rythme, le suspense est au rendez-vous, la chute ouvre une porte et l’histoire continue selon la personnalité du lecteur. « Grâce féline » en est le meilleur exemple. La nouvelle se développe sans temps mort, chaque phrase mène le lecteur au plus profond de l’intrigue. Ce sera aussi un texte court qui tient sur une seule page ou encore un exercice de style, un peu en dehors du recueil.

Des tranches de vie se balançant au gré des humeurs…

Catherine Berael