Georges Roland, Chansons de Roland, poésie, Editions Bernardiennes.

Des textes qui me semblent relever davantage de la chanson que de la poésie, par leur rythme très accentué, la reprise de certaines strophes en refrain, le langage volontiers populaire.

Georges Roland a la plume facile, et riche: avec comme danger une certaine prolixité, parfois, des longueurs inutiles, mais, à côté de cela, quelques fort belles réussites, où perce l’émotion, sur un ton très juste, et sans un mot de trop, ainsi, p.24:

Lumière

Elle se pose sur tes épaules, comme un oiseau de feu; elle bruisse tes   mouvements, chatoie l’ovale de tes hanches./Tu la caresses, toute droite, les doigts serrés, exsangues/Deux plis sur l’aine, fondent en drapé le long des cuisses:/Tu as beau faire ils demeurent infaillibles traits d’ombre,/Tu lèves les bras, t’étires au creux du matin.//Je sais ta voix rauque, et le murmure de tes cheveux sous la brosse. Je sais le cri de la tenture que tu ouvres brusquement/sur le matin,/et la brûlure de la lumière.

Ou bien encore, p.12:

Ton ombre bleutée sur le mur de la chambre/La poitrine tendue les bras dans le dos/Tes doigts qui dénouent tes cheveux/Et le regard mouillé des soirs de désir//J’ai dix-sept ans depuis longtemps/Et je mourrai à dix-sept ans. (…)

De même, p.45, le très beau Sonnet à Isabelle.

Ah! Quel dommage que tout ne soit pas de la même veine! J’ai rarement entendu aussi bien célébrer l’amour! Peut-être Georges Roland aurait-il intérêt à laisser mûrir plus longtemps sa vendange – on y voit plus clair après un certain temps. Et nous y gagnerions tous.

Joseph Bodson