Gérard Adam, La passion selon Saint-Mars, Éditions M.E.O., 2012, 18 €, 204 pages.

À Saint-Mars, en Wallonie profonde, il y a longtemps que la carrière est fermée. Seuls l’église romane, l’école et L’Estaminet font encore battre le cœur du vieux village. Avec Stanislas, le curé polonais qui pratique la vodka, et Socrate, l’instit athée qui chérit la Maredsous, le café ne vit plus qu’avec sa table de joueurs de cartes, ses tenanciers, sa serveuse, et ses jeunes du weekend…

Bien entendu, anciens et jeunes n’ont pas mêmes aspirations, mêmes valeurs, et un samedi soir, l’orage éclate. Stanislas et Socrate aident les tenanciers à calmer les esprits qui s’échauffent. Et, les protagonistes se mettent au défi de réaliser ensemble un grand projet. À l’approche de Pâques, jeunes et moins jeunes, fervents de la messe et laïcs convaincus, tous s’accordent à monter le spectacle de la Passion, ce qui ne déplaît pas au curé. Peu à peu, chacun trouve son rôle ou sa fonction ; le texte sacré est adapté –par un athée– puis rectifié avec bienveillance par le curé. Après la désignation d’un curieux étranger comme metteur en scène (qui va subjuguer les dévotes), les répétitions peuvent commencer… Dieu seul sait, à ce stade, où l’auteur va mener ses lecteurs…

Si son enfance fut baignée de religion chrétienne, Gérard Adam se déclare aujourd’hui agnostique et son truculent roman cultive intelligemment le doute et les interrogations, marquant ses distances avec les certitudes du Vatican. Mais il ne renie pas la démarche d’un certain Jésus qui, il faut le dire, vécut des dizaines d’années (entre 50 et 90 ans !) avant l’écriture des fameux évangiles.

Un livre riche, à l’écriture contemporaine, à conseiller à ceux qui ont besoin de se remettre les idées en place. Je l’ai vécu en deux soirs. Deux soirs pendant lesquels j’ai sillonné Saint-Mars, bu ma bière à L’Estaminet et intégré son équipe de comédiens ! En disciple convaincu.

Philippe Bailly, troubadour de Bouillon