Gilberte Dewanckel, Pierre-Jean Foulon,  Le silence du monde, éd. du Spantole, tirage limité, 2020.

Non point une suite logique, un recueil enfermé dans une sorte de corset logique, mais une nébuleuse d’images, de brèves fulgurances, d’images verticales qui évoquent aussi bien le feu que la germination de la nature. Et pourtant, le tout se tient, non par des pensers analogues, ou des tics d’écriture, mais par une communauté d’inspiration, et, pourrait-on dire, une ferveur égale.
Ecoutons-les plutôt:
Le livre s’ouvre comme portes battant sur le vide. Il espère pourtant qu’une écriture droite comme un i lui offre le secours d’éblouissantes métaphores.
Le vide – la rigueur de l’écriture débouchant sur la floraison des métaphores: s’y trouve déjà le sens même de l’écriture. Et les dessins répondent à l’appel, en touffes droites et d’une maladresse voulue.
Quand une parole ennemie inocule son venin aux images, il revient à celui qui admire de décider ce que sera la mort du signe: avarie ou désastre.
Mort du signe, chant du signe: Plus loin, couteau, balancement des cordes du gibet: les signes se balancent également.
Viendra un temps où la musique inscrite dans la pierre s’effacera dans les ornières de la nuit. Et ce sera comme si rien n’avait été, sauf le silence du monde.

Poésie dense, très serrée, comme un fruit à la coque dure. Et la fin rejoint le début, le temps d’un éclair, de quelques images: le monde se tait, nos incursions métaphoriques n’éveillent que fulgurances. Le silence du monde déboucherait-il sur le monde du silence?

Joseph Bodson