Harold Tittmann, Pie XII dans les coulisses du Vatican, 1939-1944, Ed. SAMSA 2015, 208 pages, 20 euros.

C’est en février 1940 qu’Harold Tittmann fut nommé « assistant » de Myron Taylor, représentant de Roosevelt auprès du Saint-Siège. Il ne résidera cependant de manière permanent à Rome qu’à partir de décembre 1940, d’où il sera transféré au Vatican en avril 1941. Il devait y séjourner deux ans et demi.

Ces mémoires nous donnent l’occasion de pénétrer au Vatican durant les années de guerre et de vivre ces années tragiques au sein d’un Etat qui n’est certes pas « ordinaire » dans la mesure où y sont représentées des Nations en guerre les unes avec les autres. On en aura compris le grand intérêt historique. C’est qu’au-delà des préoccupations touchant au vécu, sont exposées nombre de problématiques : ainsi, de la résidence des représentations diplomatiques auprès du Saint-Siège des pays en guerre avec l’Italie, des relations italo-américaines, du financement de la mission américaine au Vatican, des bombardements de Rome par les Alliés, etc….

Mais, on s’en doute, le point le plus sensible de ces mémoires, là où on attend Tittmann, c’est bien sûr la question juive, autrement dit, ce qu’on nomme communément « les silences de Pie XII ». Certes, le diplomate s’exprime peu à cet égard, adoptant un point de vue essentiellement politique et diplomatique. Il n’en reste pas moins que c’est un autre pape que l’on découvre ici, à mille lieues du « Vicaire » de Rolf Hochhhuth, un homme dont les silences sont compris par Tittmann : « Beaucoup d’entre nous, qui auraient aimé entendre le pape se prononcer, réalisaient qu’il ne pouvait le faire sans donner l’impression qu’il prenait parti dans le conflit » (p. 125). On laisse, à partir de là, le lecteur découvrir l’analyse subtile ici développée.

Ajoutons qu’Harold Tittmann III, fils du diplomate, intervient dans le texte des mémoires pour notre plus grand bonheur, nous fournissant un plus ample informé.

                                                                                                          Michel WESTRADE

                                                                                                          10 novembre 2015