Isabelle Bielecki plus brûlant que la glace éditions Lamiroy collection Opuscule (35 pages, 5 euros)

Une nouvelle appréhendée avec un contexte de cryogénie et de caveaux sert de prétexte à Isabelle Bielecki pour laisser contraster entre eux le monde des rêves révélé par l’amour, la jeunesse et le désespoir de vieillir sans autre possibilité qu’un choix technique projeté dans un futur, qu’à la lecture, on espère improbable tant les personnages vivent à temps partiel entre être et survie postérieure aléatoire :  « Madame Mère sort aujourd’hui, ce qui lui arrive de plus en plus rarement. Il ne lui reste plus tellement d’années à vivre. Alors, elle les économise, les garde pour les grandes occasions ».
En dehors du contexte fantastique, c’est bien sûr l’âge et le temps qui passe, à ne plus nous reconnaître parmi les autres, qui pose question : « Mais c’est la vie qui nous tient au corps, à nous les vieux. Ce n’est pas comme pour vous, encore si jeunes ! ».
Le sujet même du choix, en terme de fin de vie parfois courte, est rappelé ici, notamment en évoquant le drame du suicide précoce, tandis qu’un gardien d’installations cryogéniques, employé modèle, tient une sorte d’horaire à jour servant à raconter les allers et venues des membres d’une famille tellement d’apparence normale qu’on finit par y croire.

Patrick Devaux