Ivan O. Godefroid Réflexions sans miroir 5000 aphorismes éditions Cactus Inébranlable (430 pages, 20 euros)

Si « Internet a fait disparaître le mauvais profil », ce fut cependant sur un réseau social connu que se manifesta l’auteur pendant plusieurs années tandis que le côté éphémère de cette relation ne lui aura pas échappé, raison sans doute pour laquelle le brillant vulgarisateur du concept de la « physiosophie » ( importance de la relation corps-esprit) passa à cette version papier où les réflexions oscillent entre sérieux et humour conçu de bonne heure (et même de bonheur) : « Le tic-tac du Toc donne-t-il jamais l’heure exacte ? » (4445) ou, dans le même genre d’idées : « Les livres d’heures ont un écran désormais » (2763).
L’auteur ne reste cependant pas insensible à ses sérieuses réalités professionnelles quand il utilise les notions utiles à s’exprimer utilement : « l’omégalyse est le catalyseur du nihilisme » (une définition précise dans un glossaire en fin d’ouvrage nous apprend qu’il s’agit « d’un processus de déconstruction des fonctions intellectuelles supérieures conduisant à l’abêtissement général des populations humaines »).
L’ouvrage, numéroté en 5000 aphorismes cite de nombreuses célébrités rappelées dans un index des noms propres renvoyant à la numérotation des aphorismes, ce qui permet d’appréhender l’ouvrage de multiples façons.
Les conseils sont parfois très réels et semblent parfois renvoyer à de réels principes de soins : « Lâcher prise, c’est laisser venir à maturation une nouvelle vie de sa propre existence – une gestation parfois très longue qu’il est vain de forcer ».
L’intelligence de l’ensemble renvoie très souvent à l’humour, à la dérision et parfois à la poésie : « Il fait si froid à l’ombre de soi-même », tandis que les formules parfois les plus courtes peuvent être les meilleures à éblouir : « le miroir est un selfie vintage ».
L’auteur use de mots comme d’une nourriture cérébrale quotidienne : « rien n’empêche de changer le sens des mots » (3509).
Sorte de « Bible » à penser et à se poser des questions, il m’est arrivé, avec ces mots, autrefois déjà, de faire usage utile de l’un ou l’autre de ces aphorismes enclenchant une réalité autre que la mienne.
Un processus s’engage, malgré soi, à modifier parfois certains angles de vue d’un contexte propre.
L’humour sérieux utile à la disposition de presque tous peut, peut-être, corriger certains tourments quant « ton Félinconscient » t’est utile à te comprendre !
« Qui veut ignorer la poésie ne peut comprendre l’inconscient » (3523).
Voilà qui est dit. Et…bien dit !

Patrick Devaux