Jacques Demaude, Sans fin, le mystère…Bleu d’Encre Editions, 2015

Dans ce petit recueil poétique, Jacques Demaude s’attache à évoquer le mystère… avec trois points de suspension, ce qui donne à penser que la tâche restera en devenir. Assurément une gageure, mais il ne faut pas pour autant y renoncer.

L’ensemble se divise en 4 parties : 2 parties graves encadrent 2 autres plus légères. Dans celles-ci, il est surtout question de la nature dans ses manifestations spontanées et apaisantes. Les oiseaux y sont très présents, et aussi les insectes et les fleurs. La nature serait-elle la première manifestation du mystère ?

Ces évocations constituent un antidote aux malheurs du monde décrits dans la première partie dont les titres sont : Malédictions, Ravages, Périls et Traces de vie. Après ces visions apocalyptiques, la vie renaît : La dalle rongée / où la mousse a ravivé / le nom d’une morte. La quatrième partie suggère la difficulté du renouveau associé à la joie de la réussite. Le poète compare cette quête à l’œuvre sculptée. La paix et le bonheur sont au bout du chemin pour qui sait l’entreprendre et persévérer (Paix conquises). Le recueil se termine sur une évocation de la Cène éternelle. Plutôt qu’un prélude à la passion du Christ, c’est une épiphanie joyeuse que le poète entrevoit, dans une éternité où tout est transfiguré.

Le recueil se compose de 16 poèmes de 3 tercets. L’écriture est très dépouillée, ciselée à la Benvenuto Cellini. Les phrases elliptiques comportent peu de verbes. Chaque partie est précédée d’une citation : Federico Garcia Lorca, Dane Zaits, Martin Luther et John Keats. Elles sont elles-mêmes précédées d’une vignette à l’encre noire de Jeanne-Marie Zele, à qui le recueil est dédié sous la forme de deux autres citations, l’une extraite du Cantique des Cantiques II, 11-12 et l’autre du poète chinois Ping-Hsin. Celle-ci suggère que le mystère précède le langage et elle fournit le titre du recueil.

Sans qu’il soit jamais décrit – car c’est impossible – le mystère traverse donc l’ensemble sous la forme d’images qui renvoient à un questionnement : Veux-tu regraver,/ orage, sur le bourbier / un cœur de lumière ?

Jacques Goyens