Jean Botquin, Les quartiers de lune pâle, Editions du Cygne, 2015

Rendre compte d’un recueil de poésie est affaire délicate. On a l’impression de pénétrer dans un antre secret, de violer une intimité. C’est sans nul doute le cas de ces Quartiers de lune pâle, nouveau recueil de Jean Botquin.

La première partie, Gynécée – appartement des femmes –, renvoie tout naturellement à la femme et à l’amour. Le poète célèbre la femme avec l’ardeur de l’adolescent qu’il est resté. Dans Rhapsodies, le deuxième groupe de textes, le poète s’émerveille devant les beautés de la nature. Mais, sous l’innocence persistante, on devine une prise de conscience du temps qui passe et de ses effets. Le poème Adolescents se termine ainsi : Nous ne savions rien de ce qui nous attendait. La lucidité est bien présente. Le poème dédié à Federico Garcia Lorca souligne : Douceur et cruauté où se noient nos désirs. Un autre poème est consacré au Théâtre des illusions : et après, dans quel autre théâtre serons-nous surpris par la langueur des anges ? Manifestement, le poète amoureux de la vie songe à ses fins dernières.

Dans la troisième partie, Derrière mes verres fumés, la méditation se poursuit, se creuse, mûrit encore. À la réalité de la vie – le temps qui fuit inexorablement –, le poète oppose la force de ses rêves, qui prennent forme dans l’imaginaire poétique. Mais l’angoisse est bien présente. Plusieurs poèmes évoquent une apocalypse. Le poème Espérance peint les noyades, les raz-de-marée, les flétrissures et les déroutes. Il conclut en ces termes : L’automne est mort et je sais que l’hiver est éternel. La course vers l’abîme est inévitable. Le poète redoute d’être abandonné par les mots : ce serait la pire épreuve de sa vie. Sans que l’on sache qui aura le dernier mot, le rêve proclame une ultime fois sa puissance (Ce matin).

Dans un Avant-propos, Jean Botquin expose sa conception de la poésie : aussi éloignée du vers classique que des outrances obscurantistes de l’écriture automatique qu’il juge incompréhensible. Préface de Michel Cliquet.

Jacques Goyens