Jean-Claude Lardinois, Les nuits de l’enfer, éd. du Rapois, 76 pages, 10 €.

L’auteur réunit dans ce recueil ses poèmes d’adolescent et quelques textes écrits beaucoup plus tard, adressés à sa femme, la « demi-orange » qui a complété la sienne, pour son plus grand bonheur. L’influence de Baudelaire, à qui le recueil est dédié, est sensible dans la partie enfer, où l’auteur se décrit comme « un adolescent amoureux, éconduit, assoiffé de justice, épris de liberté, attiré par les effluves vaporeux, curieux de tout et surtout des interdits… ». Comment mieux dire ce qu’il a pu vivre dans cette période fiévreuse, tourmentée, ses manques, souffrances ou bonheurs, et la nécessité de les explorer, en mots parfois un peu cahotants et heurtés, qui disent bien les secousses que connaît l’écrivain en herbe qui s’épanche sur papier :

Rien à mes yeux, n’égalera pour toujours, / Le parfum enivrant, que tout sur toi, je sens.
C’est alors que son corps libéré m’engloutit, / Et de son tréfonds d’amour, la fauve jouit, / De me retenir, au plus profond de sa source

Découverte et pratique de l’amour, jouissance ou souffrance, révolte contre un père indigne :

Que de pleurs j’ai versées (sic), courbé dans la cave, / A ressasser toutes mes rancunes d’hier, / Jurer contre le père, lui cracher ma bave, / Que fils, indigne de lui, j’irai aux enfers.
Que de coups et d’insultes dut subir ma mère, / De tromperies et de si sombres moments tristes / A refuser cette union qui sur cette terre, / Douze années la plièrent au dur supplice.

A noter que Jean-Claude Lardinois est aussi photographe, éditeur (éditions du Rapois) et très concerné par la maladie alcoolique, à laquelle il consacrera une trilogie, pour témoigner et donner de l’espoir.

Isabelle Fable