Jean-Loup Nollomont Contes à rebours éditions Cactus Inébranlable (2022, 8 euros, 91 pages)

Les contes de Jean-Loup reprennent l’idée à rebrousse-poil avec parfois la finalité exprimée avant la chose : « Lorsque Jésus les rassemblait autour de lui pour leur parler crucifixion, il fallait voir les apôtres suspendus à ses lèvres ».
Les histoires très courtes, en quelque sorte parfois très véridiques, sont pourtant absurdisées à la façon de l’aphorisme, le bref s’alliant au bref : « Ici, la mer en a ras la marée. Et là, le bol voudrait bien changer d’air ». Les réflexions restent à la portée de chacun qui maîtrise la langue et a le sens de l’humour : « J’avais décidé de suivre une cinécure. Je me soignais tout seul en allant voir des films. Merci aux docteurs Dolittle, Folamour, Jivago ».
La culture, elle-même détournée, sert de prétexte à susciter un sourire de bon aloi : « Il avait fait recouvrir de livres les marches de l’escalier menant à la bibliothèque. Une façon comme une autre de s’élever dans la littérature ».
On peut également se fendre la poire avec une lettre détournée dans un mot modifié à partir d’un sens premier : « Le bonhomme avait un physique de bûcheron. Et du courage à refendre ».
L’auteur n’hésite pas à aller jusqu’au tragique, ce qu’osent peu d’aphoristes :
« Il était d’un optimisme forcené. Ses trois tentatives de suicide en firent l’amer constat ».
En pareilles circonstances, chaque lecteur se creusera les méninges avec sa science ou références propres se sentant parfois concerné ou courroucé car l’auteur ne craint pas grand-chose avec ses 333 nuances de réflexions à faire ou non réagir. Le « 333 » doit sans doute révéler un sens caché à moins qu’il ne fasse allusion au « dites 33 » énoncé par le milieu médical à voir comment l’on se porte. A le lire, la bonne humeur se porte, elle, à merveille. Le genre est familier dans la mouvance d’un auteur comme Eric Dejaeger ou Eric Allard.

Patrick Devaux