Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk, Pourquoi l’immigration? 21 questions que se posent les Belges sur les migrations internationales au XXIe siècle. Editions Academia.

Un petit livre clair et pratique, qui permet de s’orienter parmi les opinions diverses, bien souvent non fondées ou bien basées sur des informations vagues…où l’on se rend compte par soi-même que l’on ignore beaucoup de choses. 21 questions très pertinentes, auxquelles les auteurs apportent des réponses chiffrées, basées sur des statistiques récentes et des textes de lois, belges ou étrangères.

Citons ainsi, un peu au hasard: Quelle est la différence entre un immigré, un émigré, un expatrié, un étranger, un autochtone, un allochtone, un autochtone, un demandeur d’asile, un réfugié, un « illégal » et un « sans papiers »? où l’on apprend, par exemple, qu’un allochtone n’a pas la même définition en Flandre (un ascendant né à l’étranger parmi les parents et grands-parents, ou une situation défavorisée à cause de son origine ethnique ou de sa situation économique faible suffit), tandis qu’ailleurs en Belgique on vise davantage à l’intégration. Quel rôle pour les scientifiques dans les débats? Ils peuvent précisément apporter des précisions pareilles à celle que nous venons de donner. Et la définition varie de pays à pays. De plus, depuis Schengen, les Polonais, par exemple, ne sont plus considérés comme des immigrés. Les demandeurs d’asile cherchent la protection d’un état depuis la Convention de Genève de 1951: que l’on songe au nombre de populations déplacées en Europe de l’Est après la guerre de 1940.

Que l’on songe aussi au fait que la Belgique, jusque 1918, était un pays d’émigration, surtout vers la France, plutôt que d’immigration. La politique de nos gouvernements, après 1970 et la crise pétrolière, a cessé d’être une politique de recrutement de main d’œuvre. Combien y a-t-il d’immigrés? Ils forment 14, 6% de la population en Wallonie, 11,79% en Flandre, 44,5% à Bruxelles (l’écart est très grand, partout, entre les villes et les campagnes). Les personnes  de nationalité étrangère (11,5% de la population) sont majoritairement des Européens, parmi lesquels les plus nombreux sont, dans l’ordre, les Français, les Italiens et les Hollandais…

Oui, les chiffres, les statistiques ont encore bien des surprises à nous réserver. Mais ces problèmes, liés aux migrations de toute sorte, nous réservent encore bien des surprises, et constituent l’un des défis majeurs de notre temps.

Joseph Bodson