Juliette Nothomb, Pénurie dans la galaxie, Acrodacrolivres, Villers-la-Ville, 2016

Nous sommes en 4010, quelque part dans la Voie Lactée. Le héros de cette histoire s’appelle Listerio. Il est marié à la charmante Salmonella et le séduisant Ecoli. Eh oui ! Chez les Lactéens, il existe un troisième sexe qui forme un tercet avec les deux autres. Un beau jour, les Lactéens accueillent un SDF terrien, hagard et repoussant, incapable d’articuler une phrase intelligible. Ils le lavent, lui attribuent un logement décent et le baptisent Mister Stink.

Bientôt celui-ci se lance dans des affaires très lucratives et fait fortune grâce à la découverte d’une nouvelle source d’énergie. Les choses commencent à se gâter lorsque les Lactéens s’aperçoivent que le lait, leur boisson nationale, se met à tourner et que le réchauffement de leurs planètes transforme leurs mers en étendues de petit-lait où flottent des icebergs de beurre salé. Je ne vous raconterai pas la suite de l’histoire où Juliette Nothomb laisse libre cours à son imagination débordante.

Cependant tout se tient dans cette fable des temps modernes où l’auteur dénonce les dérives de la société post-industrielle : critique des projets pharaoniques, critique de la xénophobie, critique du monde des affaires et des jeux d’influence, critique de la pseudo-démocratie : Nous sommes régis par la démocratie plénipotentiaire du Président-Crémier Foulkrimmilk. Nous avons le droit de vote tous les 104,5 ans pour un seul candidat automatiquement reconduit.

L’auteur s’est bien documentée, car, en dépit des assertions d’apparence farfelue, les données scientifiques et astronomiques reposent sur des bases crédibles, par exemple lorsqu’un système de vases communicants est établi pour équilibrer les températures entre les planètes.

L’humour est aussi bien présent, notamment dans le choix des noms propres ou communs : Mister Stink, Mannwatt, le conducteur de navette spatiale, le milliardaire G. Dufrik, monèdsainge, la devise intergalactique ou SPF (sans planète fixe). Nous y trouvons aussi le comique de situation.

A lire pour se détendre, mais aussi pour réfléchir sur les dérives de notre société.

Jacques Goyens