La veuve noire tisse sa toile Marcel Procureur roman (éditions Le Lys Bleu, 02/2024, 162 pages,19,30 euros)
Avec ce roman, Marcel Procureur, bien connu pour ses publications précédentes avec son écriture à la façon de Marcel Pagnol , s’essaie au genre « policier ». L’auteur aime la Wallonie et situe l’action, la plupart du temps, à Huy, la ville aux quatre merveilles. « La grande percée », un projet immobilier divise les élus communaux tandis que faisant suite à un message mystérieux évoquant « Li CWERNEU », un premier crime a lieu près de « LI BASSINIA », la ville se rendant ainsi involontairement actrice des meurtres. Une inspectrice qui se fait appeler « La veuve noire » sera sur les traces de l’assassin après moultes péripéties comme convenu dans le genre.
On reconnait bien le sens très précis et descriptif de l’auteur à fournir les détails et notamment l’attention portée à l’ambiance des années 60 rappelant les objets et costumes de l’époque. L’auteur apprécie le mot juste au bon endroit et ne se départit pas d’un humour très personnel rappelant parfois Agatha Christie qu’il a certainement lue, évoquant même, à un moment choisi « Le crime de l’Orient-Express » de la célèbre écrivaine.
Il convient, à la lecture, de bien suivre les nombreux personnages de ce scénario qui pourrait faire l’objet d’un film, l’auteur jouant de l’intrigue à bon escient : « Patientant, il remarqua le bruit sec et particulier d’une canne, d’un bâton peut-être, dont il avait déjà perçu le pas saccadé sur les pavés des trottoirs. Il poursuivit son chemin ; le pas de la canne ou du bâton se faisait plus pressant. L’échevin força l’allure, se retourna ; dans la pénombre crépusculaire, un inconnu, coiffé d’un ample chapeau gris le fixait étrangement. Et l’ombre de l’inconnu grandissait ».
Une « liste noire » établie avec des coupables pressentis aura-t-elle mis le doigt sur l’assassin ?
Poser la question, c’est bien sûr ne pas y répondre, l’intrigue rebondissant sur plusieurs personnes possibles comme il se doit dans le genre. On notera la fertile imagination de l’auteur à envisager la méthode des crimes tandis que des éléments non convenus habituellement dans le genre vont mettre le doigt ( ou la patte) sur des éléments probants encourageant la bonne piste quand, in fine, la « veuve noire » va tisser sa toile.
En passant on appréciera également le style de l’écrivain à mettre en évidence le travail journalistique d’un des héros principaux, changeant alors de ton et de style pour emprunter celui de la presse.
Ecriture à plusieurs niveaux donc, sans oublier l’humour très présent :
« – Holà ! Holà ! Où m’emmenez -vous ? clama la veuve noire. Un inconnu barbu, vêtu d’un tablier blanc, poussait allègrement son siège.
C’est l’heure des soins, ma petite vieille/ Le thermomètre d’abord, le chapelet ensuite !D’un chapelet on perçut les grains teintés d’injures tonitruantes qui durent réveiller toutes les personnes anesthésiées des salles d’opération. Joseph et non Marie vola au secours d’Anémone.
Qu’osez- vous, idiot ? Cette dame, inspectrice de police, se porte à merveille ! Rendez -lui sa liberté ou je vous prive de la vôtre, nom de…Dieu ! » ( quiproquo, la veuve noire étant en chaise roulante).
Quel pourrait donc bien être le mobile de l’assassin dans cette belle ville de Huy mise en relief tandis que coule très peu paisiblement Le Hoyoux ? Une bonne quinzaine de personnages sont à pister avec la plus grande attention…
Patrick Devaux