Laura Mucelli Klemm, L’éternité brûle, poésie (2023, bleu d’encre)

Laura Mucelli est une poétesse italienne qui vit en France, du côté du Grand Est, auteure de plusieurs œuvres poétiques publiées en Italie et en Allemagne. « L’éternité brûle » est son premier recueil édité en Belgique, et le premier pour les éditions Bleu d’encre à publier une poésie bilingue, quelques textes étant écrits seulement en italien, une poignée d’autres traduits de poèmes que l’on peut lire aussi en français.
Elle nous parle avec une immense sensibilité de l’amour filial, ici l’amour infini de la fille pour sa mère. Des mots poignants sur la finalité inéluctable de la vie (« tout ce temps qui nous précipitait vers l’inexorable »), l’absence si présente à chaque instant, le deuil, la douleur mais aussi l’amour et l’éternel recommencent.
« Tu avais déjà gravé mon nom dans ton cœur et tu m’attendais. A présent, c’est moi qui t’attends dans le rêve le plus fou, le plus doux du recommencement », dit l’auteure (sur le 4è de couverture). Un fil invisible lie ces deux êtres « car depuis ma naissance, /je tombe dans tes bras,/quelle que soit l’heure », et perdure au-delà de la mort de la mère tant aimée. Elle continue à vivre à travers l’amour pour elle toujours aussi vif, sauvegardée pour l’éternité…
« Nos pâles reflets
vacillent dans la nuit
mais l’amour est dense,
plus pur que la mort »

Ce livre parle du besoin de croire que la vie continue ailleurs, il pose la question d’une sorte de possibilité d’éternité. « Je ne sais rien de l’éternité/si ce n’est qu’elle distille/l’unicité ». « A présent, je peux vieillir/dans l’éveil le plus pur ».
« deux femmes
deux générations,
l’une verse des larmes,
l’autre déverse sa lumière
et elles finissent par s’équilibrer
dans le même océan »

Dans un style métaphorique, fluide, lumineux et plein d’images, Laura Mucelli exprime le chagrin du manque, auquel se mêlent les souvenirs nombreux et l’espérance. « c’est la force de mon cœur qui transcende la mort et l’espoir de te revoir ».

C’est vrai que l’« On passe nos vies à se quitter, /à compartimenter/toutes nos saisons ».Mais l’on garde aussi la main de certains êtres si longtemps dans la nôtre qu’il nous restera
toujours sur la paume des petites étoiles…

Martine Rouhart