Laure Gloire et Justine Fontaine, Bûcherons, sabotiers et Cie – Les métiers du bois, Weyrich, 2015, 25 €, 223 pages.
Comme l’annonce Patrick Adam, député provincial à la Culture, Bûcherons, sabotiers et Cie est un ouvrage résultant d’un élan collectif, vantant les innombrables métiers de la filière bois. Il est une mise en lumière du savoir-faire de nos aïeux et présente son histoire, depuis le forestier jusqu’à l’artisan capable de magnifier l’or vert.
Les auteures nous rappellent que si que l’homme a toujours trouvé dans la forêt de quoi se nourrir, se construire un logis, se chauffer et s’outiller, celle-ci n’est pas une ressource inépuisable. Et que si la forêt a lancé la métallurgie avec son charbon de bois, plus tard, c’est le charbon fossile qui l’a sauvée d’une complète destruction.
Dans ce livre, édité en collaboration avec le Domaine provincial du Fourneau Saint-Michel, les 175 illustrations d’époque, les dessins de Guy Henrotin et la présentation claire et structurée, presque didactique, nous font rencontrer forestiers, bûcherons, charbonniers (fauldeurs), débardeurs, botteresses, scieur de long (sôyeux d’long), menuisiers, ébénistes, sabotiers, galochiers, vanniers, charpentiers, charrons, tonneliers et autres boisseliers.
Au gré des pages, le lecteur croise des hommes et des femmes racontant leurs joies et leurs peines, fiers d’améliorer leur habitat, de façonner un outil, d’assembler un meuble et de transmettre le savoir-travailler à leurs enfants.
Toujours avides de fouiner dans le riche vocabulaire local, nos écrivains y retrouveront différents outils comme la hache à marquer, la griffe de bucheron, la cognée, le passe-partout (en wallon : la recèpe), la sapie, le tourne-bille, la serpe, la pelle à écorcer (ou holette ou rasette), la chèvre, l’indien, le braquet, le courbet, le triqueballe, la hache à équarrir, la scie à ruban, l’établi, les gouges, le trusquin, le valet, le riflard, la varlope, la bédane, la tarière, la chignole et la bisaiguë. Ils jongleront avec le pied-de-roi, le pouce, la toise et l’arpent. Et l’égobelage, le cran de direction, le trait de chute, le flambage, le flottage, la carbonisation, l’équarrissage, le cerclage, le dégauchissage, le déroulage et le dolage n’auront plus de secret pour eux !
Voilà donc un superbe ouvrage de référence qui se dévore d’une traite, avec son lot d’émotions et de surprises. S’il doit s’offrir aux anciens qui y retrouveront de solides racines, il peut aussi garnir la bibliothèque des plus jeunes dont la culture bois se limite parfois à la tronçonneuse et au « brico ». Ils pourront alors, autour du mot arbre, apprivoiser taillis et futaies, feuillus et résineux, chablis, fûts, grumes, billes, aubier, écorce, tan, cernes annuels et rayons médullaires…
Livre témoin, héritage wallon, magnifique chant de patrimoine. Dans un papier fait du bois de notre belle Ardenne.
Philippe Bailly, troubadour de Bouillon