Laurent Dumortier, Barry by night, poèmes, Chloé des Lys, 2021, 10 €

Un petit livre plein de tendresse et de tristesse, moitié blues et moitié soul, où Barry, le siège des éditions Chloé des Lys, rime, de loin, avec Paris. Une aube un peu glauque qui se lève à l’horizon, après une nuit consacrée à la rêverie et au souvenir.

Petit livre, certes, par le nombre de pages, sans doute, mais où l’inspiration du poète a trouvé sa juste consonance, où les mots se tiennent par une magie que l’on dirait presque mystérieuse, peu apparente, mais profonde. Avec aussi, toutefois, çà et là une pointe d’humour.

Ecoutons-le plutôt. Ainsi, ce texte, en exergue:

L’utopie entre toi et moi c’est de croire qu’au-delà des apparences, il y a deux âmes pas tellement différentes qui sont unies par quelque chose qui les dépasse et qui transcende le temps et l’espace.

Nuits rouges, pour débuter, avec Les quais: La fumée dehors, l’alcool dedans /Les dernières péniches longent les quais / Tandis que la ville se pare doucement / De ses lueurs nocturnes., et puis ce beau texte, Nuits rouges, précisément: Buenas noches / La nuit tombe sur Barcelone / Parfums de tapas sur les Ramblas // Accoudé au bar, fumée bleutée / Pour la Cava, j’ai une tendance à l’inclinaison / Frôlement de sa paume contre la mienne / Un sourire esquissé / Et un regard qui en dit long… / Adossé à un mur, jeux d’ombre et de lumière / Pour la raison, j’ai un côté délétère / On se perd dans nos regards / On se rend tous nos égards / Mais déjà me ronge la mélancolie.

Et, plus loin: Ou bien encore: Avant l’aube, c’est Barry / Barry inside / Entre ton âme et la mienne / / C’est Barry / Barry inside.

Et le recueil avance, avance dans la nuit, avec les Nuits noires,  Vers des mondes nouveaux / Et pourtant étrangement familiers…, et les Nuits blanches, et enfin, l’épilogue, confrontant le vide lumineux du ciel nocturne, et l’absence de l’amour, avec une imagerie très moderne: Pas un nuage / Pas de turbulences / Plus aucune vibration / Enfin…de toi pour moi.

De quoi rêver, par les nuits blanches qui nous guettent toujours…

Joseph Bodson