Le hasard arrive toujours à l’improviste de Gaëtan Faucer éditions « Cactus inébranlable
(10 euros, 2021)

Ce n’est pas par hasard que Gaëtan Faucer a le ton juste de l’aphorisme : « J’aime bien écrire avec un style haut » nous écrit l’auteur, par ailleurs.
Plus proche d’une philosophie de vie que de l’humour évident, Gaëtan a le ton juste du créateur pris sur le vif de sa propre réflexion ayant l’air de penser ainsi de façon permanente.
Sans doute a-t-il quelque chose de ce « poète maudit (qui) écrit en vers et contre tous », avec un sens appuyé de l’écrit : « l’homme écrit pour laisser des traces et parle pour se faire détester ».
Usant du mot avec le son il a le ton juste puisque « quand on est auteur, c’est ta page nocturne ».
Mettant le doigt sur nos doutes avec « l’apocalypse c’est le début de la fin », il se fait particulièrement subtil quand il chatouille la culture dans le sens du poil : « J’ai relu Rimbaud et j’ai passé une saison à m’en faire ».
La société entière y passe avec aussi l’économie avec cette vision juste : « paradoxe du moment : relancer l’économie en dépensant ! ».
Le livre est dédicacé à Eric Allard, cet autre jongleur d’idées. Avec l’improviste toujours prévu autrement, on passe de l’inattendu à la profonde réflexion : « De temps en temps, j’aime joindre le futile à l’agréable ». On comprend ainsi qu’avec parfois une lettre bien ajustée l’idée principale ayant suscitée la réflexion en prend pour son grade.
Les sujets à la mode sont particulièrement égratignés et l’auteur se réjouit de mettre, par exemple, quelques « Végâneries » à ses réflexions : « Le végan est-il vraiment né dans un chou ? ». Même avec un mot construit, l’idée fait mouche à l’accent circonflexe près ; c’est dire si l’auteur manipule la langue avec brio et ce dans les moindres détails. Je dirais même que c’est le détail particulièrement bien placé qui rend encore mieux sa force humoristique.
« Je veux vivre en entier » dit Gaëtan. On n’en doute pas un instant !
Et d’ajouter entre les lignes, avec une certaine délectation : « Se passionner, c’est être deux fois plus heureux ».
En effet !

Patrick Devaux