Daniel Foucart, Le Manteau, Merlin, Déjeuners sur l’herbe, 2022, 121 p. (20€)
Enquête policière dans une Belgique en filigrane
Si le personnage principal de cette histoire policière est Français, l’action se déroule en Belgique. C’est l’occasion pour l’auteur, Péruwésien ex-journaliste, de plonger son intrigue dans un coin géographique bien de chez nous. Les premières pages commencent en effet à La Panne et les dernières se déroulent à Bruges.
Marc Coppens est venu là pour y attendre Estelle avec qui il entretient une relation mi-amoureuse, mi-érotique. Celle-ci est mariée et laisse filtrer très peu d’informations concernant sa vie, son travail, ses relations. Cela ne dérange pas son amant car son aventure sentimentale est un plus dans son existence très ordinaire. Et la perspective de filer s’exiler au Québec avec elle paraît une péripétie intéressante à celui qui vient de terminer sa carrière de prof de français pour qui « la littérature est une réflexion sur la vie, pas sur le monde ».
Dans l’hôtel où il s’est installé, il attend donc mais son Estelle ne donne aucun signe de vie. L’attente est interminable et comme il ne fait pas très chaud, il profite du confort du trench-coat qu’elle lui a offert puisque son mari ne le portait plus. Le lecteur le retrouve le lendemain face au commissaire Geeraerts devant qui il a été amené sans ménagement par un jeune inspecteur nerveux. Il se fait que sa ‘compagne’ a été aperçue en compagnie d’un gangster qui vient d’être retrouvé cadavre. Quant à la femme : disparue.
La police mène l’enquête. Coppens mène la sienne avec l’assistance d’une ancienne élève tandis qu’une énigmatique personne semble le suivre. Voilà qui mènera à une prise en otage, à la quête d’un mystérieux calepin, à un assassinat, à l’arrivée d’un renfort policier venu de Tournai.
Et c’est ainsi qu’il arpente la côte belge en nous donnant des éléments qui nous amènent à retrouver des indices dispersés et, accessoirement, à une Belgique, « un pays plein de paradoxes » qui « fait des étincelles à la coupe du Monde de football » vue par ce francophone étranger. Il y croisera des autochtones évoquant « les gradés ‘fransquillons’ qui donnaient leurs ordres en français sur le front de l’Yser ».
Il y a la bière, bien sûr, des bistrots comme celui porteur de l’enseigne « De Leeuw van Vlanderen », exemples de « la Flandre joyeuse de Tyl Ulenspiegel » et souvent à la façade « « pavoisée aux couleurs flamandes ». L’hôtel où il loge possède des chambres baptisées des noms des souverains depuis l’indépendance belge et inscrit des cuberdons au menu du petit déjeuner. On y rencontre des Anglais en quête de cimetières britanniques où gisent les morts des deux guerres mondiales. Ce sont des lieux où « les tombes ressemblent à des sucres blancs ». Il y a la géographie, « De Panne en français, c’est La Panne ». Puis Ypres la charmeuse avec sa porte de Menin et son mémorial militaire. Plus tard, ce sera la tour de Dixmude avant d’aboutir à un hôpital brugeois.
Le roman de Foucart ne cherche pas la dynamique galopante des polars violents. Il suit son cheminement, pas à pas entre le 8 et le 21 juillet. Il s’attache aux personnages en les regardant avec une tendresse certaine. Il souligne leur ambiguïté ou leur complexité. Nous le suivons jusqu’à un happy end inévitable.
Michel Voiturier