Les entrelus de Philippe Leuckx Aux hautes marges collection à cœur d’écrits éditions Le Coudrier ( 2021, 22 euros)

La collection « à coeur d’écrits » des éditions Le Coudrier révèle, cette fois, les choix sans doute difficiles des « entrelus » de Philippe Leuckx. Plus de 180 pages à rendre autrement des approches d’œuvres choisies et publiées auprès d’éditeurs divers.

L’adjectif juste traverse les pages de Philippe Leuckx, ainsi cette approche quand il traduit l’émotion ressentie à la lecture de ‘Interconnaissance éblouie suivi de La ville reflétée » de Roland Ladrière aux éditions Corlevour en 2015 : « Ce recueil éponyme traverse la « beauté en croissance, le bord des choses/…/ » avec aussi une approche accessible de dose de philosophie : « L’homme, oui, est cet être de « désir », apte à la maturité, toujours près de tomber et toujours prêt de grandir, à partager : « nous partageons/ ce pain d’innocence ».

A l’instar du premier volume de la collection avec les « entrelus » de Jean-Michel Aubevert, ceux de Philippe ont force de révélation vu également l’impressionnante quantité de recensions faites urbi et orbi par l’infatigable et passionné critique, sa vocation de romaniste avisé touchant de la plume diverses sensibilités.

Ses choix personnels, parfois à découvrir, motiveront plus d’un lecteur, plus d’un auteur- parfois d’ailleurs également éditeur- à approfondir ce ressenti d’approche assez physique qui lui est propre quand il parle, à titre d’exemple, d’un écrivain comme Arnaud Delcorte avec « Eden » paru chez L’Harmattan en 2013 : « Arnaud Delcorte, la belle quarantaine, offre – et le mot n’est pas usurpé – ses poèmes comme sa chair, son corps, son âme. Âme oui, tant ses textes, pour être humains, tendres, audacieux, osés, érotiques et fraternels, n’en sont pas moins très révélateurs d’une âme… ».

A ma connaissance les éditions Le Coudrier sont ainsi les seules à oser faire la part belle, en partie, à d’autres maisons d’édition, ce qui en révèle la belle ouverture d’esprit.

Avec les plumes averties de Corinne Hoex, Françoise Lison, Anne-Marielle Wilwerth, Otto Ganz ou Jean-Michel Aubevert, figurent des auteurs relativement débutants à découvrir ce qui, à mon sens, est une vraie motivation supplémentaire à parcourir ce travail de longue haleine confirmant les symbioses qui peuvent coïncider entre parfois auteurs entre eux, éditeurs, critiques et lecteurs.

Je clôture volontiers la petite musique critique de Philippe Leuckx avec le rappel de « L’accordéon du silence » paru aux éditions Le Coudrier, l’auteur ne se trompant pas à traduire en d’autres mots les belles notes d’Anne-Marielle Wilwerth, cette poète majeure : « Avec audace et détermination, la poète signale ici un travail raffiné sur soi, sans tapage ni égotisme/…/ Elle écrit selon sa formule personnelle en peu de vers pour mieux livrer la « paroi poreuse du monde ».

Quelques prix fameux sont rappelés en contexte, tel le « Prix Mallarmé » remis à Yves Namur en récompense pour « La tristesse du Figuier ». On ne boudera pas son plaisir avec cette nouvelle approche « autre » de tant de plumes diversifiées en reprenant pour conclure ces quelques mots du rappel de cette dernière référence précitée en critique littéraire : « le poète coud d’un verset l’autre les réalités parfois distantes les unes des autres ». Il se passe exactement la même chose dans « Aux marges », les entrelus 2 de la collection « à coeur d’écrits » des éditions Le Coudrier  car « c’est en reliant entre elles des réalités très séparées ou surprenantes que l’on arrive à créer ce je ne sais quoi qui nous parle », cette dernière citation étant de Pascal Feyaerts (reprise dans ces entrelus, la phrase était adressée à Sylvie Godefroid dans un article paru début 2012).

Patrick Devaux